Des représentants américains et nord-coréens se rencontreront à Pékin la semaine prochaine pour finaliser les détails de la première livraison américaine d'aide alimentaire à la Corée du Nord en trois ans, a annoncé le département d'État vendredi.

Washington et Pyongyang ont annoncé mercredi la conclusion d'un accord en vertu duquel la Corée du Nord accepte un moratoire sur ses activités nucléaires et la venue d'inspecteurs nucléaires de l'ONU, en échange de quoi les États-Unis livreront 240 000 tonnes d'aide alimentaire au pays communiste. La nourriture, destinée en priorité aux jeunes enfants et aux femmes enceintes, sera livrée sur une base mensuelle.

Les livraisons américaines d'aide alimentaire à la Corée du Nord ont brusquement cessé en 2009, quand Pyongyang a expulsé les inspecteurs américains chargés de surveiller les livraisons.

La Corée du Nord, touchée par des pénuries alimentaires chroniques et qui a souffert d'une grave famine dans les années 1990, a demandé une aide alimentaire il y a plus d'un an.

Le département d'État a précisé que l'émissaire spécial des États-Unis pour les affaires nord-coréennes, Robert King, aurait des discussions techniques avec son homologue nord-coréen mercredi à Pékin.

L'accord conclu cette semaine a fait naître l'espoir d'un apaisement des tensions dans la péninsule coréenne, mais les quelques entrevues menées vendredi avec des résidants de Pyongyang montrent que les Nord-Coréens sont profondément méfiants envers les États-Unis.

«J'ai entendu les nouvelles, mais je ne suis pas vraiment excitée», a déclaré Jong Yun Hui, âgée de 43 ans. Elle a souligné que plusieurs rondes de pourparlers tenues dans le passé n'avaient pas donné de résultats en termes de nourriture ou d'énergie. «Je ne fais pas confiance aux États-Unis», a-t-elle dit.

Le scepticisme est répandu dans un pays dont les citoyens apprennent dès le plus jeune âge à détester les Américains. Les États-Unis sont notamment blâmés pour la division de la péninsule coréenne et sont régulièrement accusés de tenter d'envahir le Nord au nom de la Corée du Sud.

Mais au cours des dernières années, les affiches appelant les Nord-Coréens à attaquer les Américains ont été remplacées par d'autres affiches reflétant la nouvelle politique de développement économique du régime.

La nouvelle de l'accord a commencé à circuler parmi les résidants de Pyongyang, mais plusieurs ne semblent pas croire que le régime soit prêt à abandonner un programme nucléaire qui a fait la fierté du pays sous le règne du défunt Kim Jong-il.

O Myong Ok, une résidante de Pyongyang âgée de 38 ans, a dit appuyer cette tentative d'amélioration des relations entre Washington et Pyongyang. «Ce serait merveilleux si les tensions dans la péninsule coréenne pouvaient s'apaiser par un ou deux jours de négociations», a-t-elle dit à l'Associated Press. Mais son scepticisme a rapidement pris le dessus. «Je ne crois pas que ça va arriver», a-t-elle lancé.