Un an après le séisme qui a ravagé son centre historique et fait 185 victimes, Christchurch, la deuxième ville de Nouvelle-Zélande, peine à se relever: répliques et atermoiements politiques freinent les efforts de reconstruction.

Frappée au coeur le 22 février 2011 par une secousse de magnitude 6,3 suivie de milliers de répliques, la capitale de l'Île du sud porte encore de nombreux stigmates de la dévastation.

Derrière un haut grillage marquant la limite de la «zone rouge» interdite d'accès, boutiques vides, hôtels déserts, immeubles de bureaux éventrés et bâtiments historiques en ruine forment un décor angoissant.

Seul le va-et-vient des ouvriers qui charrient les gravats prête vie à ce quartier fantôme abritant le centre d'affaires de la ville, et de vieilles églises qui ne donneront plus d'ombre.

Plus de 60% des bâtiments anciens qui faisaient de Christchurch «un petit coin d'Angleterre» dans le Pacifique ont été détruits et d'autres encore, très endommagés, ne sont récupérables qu'à un coût exorbitant.

Pas moins de 10 000 secousses ont été enregistrées depuis celle de septembre 2010, de magnitude 7, qui n'avait pas fait de victime, mais occasionné d'importants dégâts matériels.

Deux fortes répliques au séisme de février, en juin et en décembre, ont ravivé le traumatisme des habitants et meurtri davantage la ville.

«La main de Dieu s'abat une fois de plus pour nous gifler», écrit la romancière Jane Bowron dans un recueil de chroniques sur le séisme.

Un programme de reconstruction de 30 milliards de dollars néo-zélandais (25 milliards de dollars) est engagé, mais l'activité sismique qui menace quotidiennement la paisible cité provinciale divise élus et techniciens.

Le maire, Bob Parker, préconise d'élever sur les ruines un nouveau quartier d'affaires desservi par une sorte de tramway léger serpentant entre de larges espaces verts, en fixant une limite de sept étages.

D'autres suggèrent de l'installer ailleurs, sur des terrains plus stables. Mais selon Win Clark, de la Société neo-zélandaise d'ingénierie sismologique, cette option est irréaliste.

«Le quartier a été endommagé, mais construire une nouvelle «city» signifierait repartir de zéro pour un prix colossal», estime-t-il.

L'ingénieur affirme que les techniques de construction modernes, aux normes sismiques, autorisent la construction de bâtiments hauts. «Le fait que nous continuerons à ressentir des répliques ne devrait pas entraver le redéveloppement en cours», prévient-il.

Des économistes ont également mis en garde contre l'excès de restrictions qui pourrait rendre Christchurch inattractive pour les investisseurs et provoquer une fuite des capitaux et des cerveaux vers Auckland.

Environ 30 000 emplois ont disparu à Christchurch depuis un an, selon Shamubeel Eaqub de l'institut néo-zélandais de la recherche économique. Et des données officielles indiquent que plus de 10 000 personnes ont quitté la ville dans les quatre mois suivant le séisme de février.

Dans le pire des cas, s'alarme Shamubeel Eaqub, Christchurch -jadis poumon d'une région qui représentait 15% du PIB national- pourrait perdre son statut et n'être plus qu'une petite «ville de services rurale». «Nous sommes à la croisée des chemins», dit-il.

Les séismes des derniers mois se sont produits sur une faille que les scientifiques n'avaient pas détectée jusqu'à présent. L'institut de sismologie néo-zélandais GNS Science pense qu'elle a été inactive pendant 16 000 ans, jusqu'en septembre 2010.

La Nouvelle-Zélande, située sur la Ceinture du feu du Pacifique, à la frontière des plaques tectoniques australienne et du Pacifique, enregistre jusqu'à 15 000 secousses par an.