Il murmure à l'oreille des soldats. Il caresse la joue des écoliers. Il porte un élégant pardessus sombre plutôt qu'un treillis vert olive. Il ne porte pas de lunettes fumées. Il rit régulièrement. Et surtout, il tient volontiers la main des hauts dirigeants qu'il visite aux quatre coins de la Corée du Nord.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Kim Jong-un fait montre d'une affection surprenante. Son père, Kim Jong-il, était généralement raide et affichait une sévérité dictatoriale sur les photos. Kim Jong-un, qui dirige l'État ermite depuis la mort de son père à la mi-décembre, est généralement photographié bras dessus, bras dessous, ou main dans la main, avec des hauts fonctionnaires et des officiers. Ces démonstrations ont été constantes lors la quinzaine de visites officielles qu'il a faites dans son nouveau royaume depuis la mort de son père.

Les experts ont généralement convenu qu'il s'agissait d'une tentative de se rapprocher de son grand-père, Kim Il-sung, à qui il ressemble beaucoup physiquement. Kim Il-sung était souvent photographié entouré d'enfants, avec un visage rieur. Il faut dire que le deuxième de la dynastie Kim a, durant son règne, de 1994 à 2011, connu plusieurs famines, dont l'une a fait entre un et trois millions de victimes dans les années 90.

Erich Weingartner, un Canadien qui s'est plusieurs fois rendu en Corée du Nord depuis 20 ans, est aussi de cet avis. «Ça renforce la connexion génétique avec son grand-père. Kim Il-sung est un héros révolutionnaire qui s'est battu contre les Japonais. Il n'est pas anormal pour les hommes coréens, particulièrement au Nord, de tenir la main de leurs amis.»

Kim Jong-un n'a pas négligé le côté martial de sa réputation. Le quotidien sud-coréen Joong Ang a relevé que cinq des huit unités militaires qu'il a visitées depuis sa nomination étaient nommées en l'honneur d'un compagnon d'armes antinippon de son grand-père.

Le microblogue chinois Weibo a lancé hier une nouvelle sensationnelle sur le prétendu assassinat de Kim Jong-un par des tireurs à l'ambassade nordcoréenne à Pékin. Plus de 380 000 comptes Weibo ont fait référence à la rumeur, qui n'a été vérifiée par aucun média en bonne et due forme, selon la BBC. Hier, à l'heure de tombée, ni les médias sud-coréens ni l'agence médiatique nord-coréenne KCNA n'en avaient fait état. La rumeur a été aussi diffusée sur Twitter, quoique souvent avec scepticisme. Deux faux comptes Twitter de la BBC étaient parmi ceux qui ont repris l'histoire de Weibo.