Le chef d'Al-Qaïda au Pakistan, Badar Mansoor, a été tué jeudi par un drone américain dans le nord-ouest du pays, selon le renseignement pakistanais, ce qui confirme l'efficacité des frappes de plus en plus fréquentes des avions sans pilote de la CIA dans le sanctuaire de l'organisation djihadiste.

Ces attaques ont redoublé ces derniers jours après que le président Barack Obama eut admis récemment pour la première fois la campagne de ces drones menée depuis 2004. Et les experts unanimes estiment qu'elles sont la principale raison de la désaffection croissante des jihadistes étrangers pour ces zones frontalières avec l'Afghanistan.

Badar Mansoor a péri dans la nuit quand au moins un drone a tiré ses missiles sur son camp d'entraînement à Miranshah, la principale ville du district tribal du Waziristan du Nord, bastion des talibans pakistanais alliés à Al-Qaïda, ont indiqué à l'AFP plusieurs responsables du renseignement pakistanais ainsi qu'un cadre du groupe d'insurgés de Mansoor.

Dans la nuit, au moins un drone américain a tué «quatre insurgés islamistes» à Miranshah, avaient auparavant indiqué des responsables militaires à l'AFP.

«Badar Mansoor est mort dans l'attaque aux missiles cette nuit à Miranshah», a assuré à l'AFP un officier du renseignement pakistanais, sous couvert de l'anonymat. Plusieurs de ses pairs à Miranshah ont confirmé l'information à l'AFP, certains ajoutant qu'au moins un de ses fils avait péri avec lui et que l'une de ses deux épouses avait été blessée.

«Badar Mansoor est mort dans l'attaque du drone», a confirmé à l'AFP par téléphone un responsable de son groupe d'insurgés.

«Sa mort est un revers majeur pour les capacités d'Al-Qaïda à frapper au Pakistan», a commenté l'un des officiers du renseignement pakistanais, ajoutant: «Après qu'Ilyas Kashmiri fut tué ou devenu inactif, Badar Mansoor est devenu de facto le chef d'Al-Qaïda au Pakistan».

L'incertitude demeure sur le sort de Kashmiri, le chef militaire d'Al-Qaïda au Pakistan, dont des sources américaines disent qu'il a été tué dans une attaque de drone en juin 2011. Jusqu'à présent, ni le renseignement pakistanais, ni les insurgés islamistes n'ont confirmé sa mort, pas plus que sa famille qui se dit sans nouvelles.

«Si la mort de Badar Mansoor est confirmée, c'est une excellente nouvelle pour la lutte anti-terroriste dans la région, car c'était une des principales cibles à la fois des États-Unis et du Pakistan», a commenté pour l'AFP un expert occidental du contre-terrorisme dans la région.

«Il était le chef des réseaux d'Al-Qaïda au Pakistan et de nombreux services de renseignements occidentaux travaillaient sur lui», a affirmé cette source.

Selon les responsables du renseignement pakistanais, Badar Mansoor, âgé d'environ 40 ans et originaire de Dera Ghazi Khan, dans le centre du Pakistan, était le principal responsable de plusieurs des attentats-suicide qui ensanglantent le pays depuis plus de quatre ans, perpétrés principalement par les talibans pakistanais alliés à Al-Qaïda. Ils ont fait près de 5000 morts depuis l'été 2007.

«Mansoor s'était installé à Miranshah il y a plusieurs années et avait établi dans les environs un camp d'entraînement de son groupe nommé Harakat ul-Mujahidine (Mouvement des combattants en ourdou)», a expliqué l'un des officiers du renseignement. «Il entraînait et envoyait aussi des combattants en Afghanistan», ce qui explique qu'il était une cible privilégiée des Américains, assure cette source.

Le Waziristan du Nord, frontalier avec l'Afghanistan, est aussi l'une des principales bases arrières des talibans afghans du réseau Haqqani, lié à Al-Qaïda et bête noire des soldats américains en Afghanistan.

Les drones de la CIA concentrent ces dernières années leurs frappes sur le Waziristan du Nord.

Les experts unanimes, Pakistanais comme Occidentaux, assurent que les combattants arabes et même européens qui rejoignaient dans les zones tribales pakistanaises les camps d'entraînement d'Al-Qaïda depuis la fin 2001 ont commencé à déserter la région au profit du Maghreb, du Sahel, du Yémen et de la Somalie.

Et pour eux, la principale raison réside dans la multiplication des attaques de drones. Avant Badar Mansoor, des dizaines de cadres d'Al-Qaïda, des Haqqani et des talibans pakistanais ont péri sous leurs missiles depuis 2004.