La chef de l'opposition birmane Aung Suu Kyi, qui est officiellement entrée dans la course au parlement du Birmanie mercredi dernier, a amorcé sa campagne électorale dimanche dans une région rurale du pays.

La femme politique de 66 ans tente ainsi de démontrer que le pays de l'Asie du Sud-Est est en train de changer rapidement et considérablement. La lauréate du prix Nobel de la paix a consacré la majeure partie de sa vie à la lutte contre le régime autoritaire du Birmanie, et elle a passé 15 des 23 dernières années en assignation à résidence.

Si elle remporte le poste qu'elle brigue pour la première fois, Suu Kyi n'obtiendra que des pouvoirs limités au conseil législatif, qui est dominé par la junte militaire et le parti au pouvoir. Une victoire serait toutefois fort symbolique, car elle donnerait, pour la première fois, un droit de parole au gouvernement à cette ancienne détenue.

L'arrêt de Suu Kyi dans le village de Dawei s'inscrit dans une lignée de réformes engendrées par le nouveau gouvernement civil a qui la junte a transféré, en mars dernier, ses pouvoirs.

Le gouvernement a libéré des centaines de prisonniers politiques, conclu des accords de cessez-le-feu avec les groupes ethniques rebelles, augmenté la liberté de presse et atténué ses lois sur la censure.

Les élections partielles du 1er avril prochain doivent pourvoir 48 sièges dans la chambre basse du parlement, des sièges laissés vacants par des élus devenus ministres.

Le parti de Aung Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) a été dissous par la junte en mai 2010 pour avoir annoncé son boycott des élections de novembre suivant. Il a pu s'enregistrer de nouveau au début du mois de janvier. La Commission électorale doit encore se prononcer sur l'acceptation de la candidature de Suu Kyi.

Suu Kyi brigue le comté de Kawhmu, une région pauvre au sud de Yangoon, où les moyens d'existence des villageois ont été emportés par le cyclone Nargis, en 2008.

L'élection est surveillée de près au Birmanie et ailleurs dans le monde, car elle représente une manière de tester l'engagement du régime à changer.

Aung Suu Kyi a été enfermée lors des élections de 1990, à l'occasion desquelles la LND avait humilié le régime militaire en remportant 392 des 485 sièges en compétition. Les généraux avaient refusé d'honorer les résultats.

La femme politique avait été libérée de résidence surveillée une semaine après les élections de novembre 2010, lors desquelles les Birmans étaient appelés à désigner, pour la première fois en 20 ans, des assemblées nationales et régionales, dont 25 pour cent des sièges sont réservés aux militaires.

Le parti spécialement créé par la junte alors au pouvoir avait remporté une victoire écrasante, alimentant des soupçons de fraude. Le scrutin avait été qualifié de mascarade par l'Occident.