Le fils aîné de Kim Jong-il estime que les réformes à engager pour éviter l'effondrement de l'économie nord-coréenne conduiront à la fin du régime de Pyongyang, d'après un livre consacré à l'ex-héritier pressenti du pouvoir.

Kim Jong-nam, demi-frère du nouveau dirigeant de la Corée du Nord, Kim Jong-un, et fils du chef décédé le 17 décembre, Kim Jong-il, est longuement cité dans un ouvrage à paraître vendredi au Japon.

Titré Mon père Kim Jong-Il et moi, cet essai est rédigé par un journaliste nippon du Tokyo Shimbun, Yoji Gomi, ancien correspondant à Séoul et Pékin.

Dans ce livre basé sur des échanges par courriels et diverses interviews, notamment un long entretien accordé l'an passé depuis Macao, Kim Jong-nam souligne que le régime communiste est confronté à un dilemme insoluble.

«Sans réforme, l'économie va s'effondrer. Mais des réformes conduiront à une crise et à la fin du régime», explique-t-il.

Au milieu et à la fin des années 1990, Kim Jong-nam était pressenti comme le favori pour succéder à son père, qui avait lui-même hérité de la direction du pays de son propre père, le fondateur de la Corée du Nord communiste, Kim Il-sung.

Il est tombé en disgrâce au début des années 2000 et vit depuis à l'étranger, entre Macao, où il réside dans une luxueuse villa avec sa femme et ses deux enfants, et Pékin, où il possède également une maison.

«La Corée du Nord est très instable», a-t-il averti, d'après ce livre.

«Mon père a dirigé le pays avec le soutien de l'armée, mais le pouvoir de l'armée est devenu trop fort», a-t-il précisé. «Si la succession échoue, l'armée exercera sûrement la réalité du pouvoir».

Dans les années 90, Kim Jong-il a lancé la politique du «songun» («l'armée d'abord»), mobilisant le meilleur de la nation au profit des militaires, quitte à rogner sur les prérogatives du Parti des Travailleurs de Corée, le parti unique du pays.

Cette stratégie visait à assurer la survie du régime confronté à de sévères difficultés économiques après la chute de l'URSS.

Preuve du maintien de cette influence, plusieurs hauts gradés de l'armée sont apparus en bonne place pendant les obsèques de Kim Jong-il, le 28 décembre à Pyongyang.

Le fils et successeur du défunt, Kim Jong-un, a été officiellement investi du «commandement suprême» de l'armée, a annoncé l'agence de presse officielle KCNA le 31 décembre.

L'ouvrage du journaliste nippon cite également un courriel reçu le 3 janvier de Kim Jong-nam, âgé de 40 ans, dans lequel ce dernier critique la succession héréditaire et émet des doutes sur la capacité de son jeune demi-frère, qui aurait entre 28 et 30 ans, à assumer ses nouvelles fonctions.