La situation politique au Pakistan s'est de nouveau envenimée, lundi, alors que le plus haut tribunal du pays s'en est pris à un gouvernement qui doit déjà composer avec les affronts de la puissante armée du pays - une charge conjointe qui pourrait entraîner la chute de l'administration soutenue par les États-Unis.

La Cour suprême a entrepris des procédures pour outrage au tribunal contre le premier ministre pakistanais, Yousuf Raza Gilani. Le dirigeant est accusé de n'avoir pas respecté l'ordre du tribunal de rouvrir un dossier de corruption contre le président Asif Ali Zardari. La cour a demandé au premier ministre de faire une rare apparition devant les juges jeudi.

Si Yousuf Raza Gilani est reconnu coupable d'outrage au tribunal, il pourrait écoper d'une peine d'emprisonnement de six mois, et on pourrait lui interdire d'exercer la fonction de premier ministre.

Le Pakistan doit actuellement composer avec une situation économique précaire et une violente insurrection des forces islamistes.

La semaine dernière, le premier ministre avait déclaré que le Parlement devait choisir entre «démocratie et dictature».

La dégradation de la situation politique pourrait avoir des répercussions négatives sur la collaboration militaire entre les Américains et les Pakistanais en Afghanistan, pays voisin du Pakistan - même si Washington avait fait peu de progrès à ce chapitre avant l'éclatement de cette crise politique.

«La Cour suprême et le gouvernement sont en guerre ouverte en ce moment, et il semble assez évident que la cour n'a pas l'intention de reculer», a signalé Cyril Almeida, avocat et chroniqueur pour le journal pakistanais Dawn.

La crise politique se profilait à l'horizon depuis un bon moment. L'armée et le gouvernement sont à couteaux tirés depuis des mois, mais un scandale ayant éclaté l'an dernier après qu'un message anonyme eut été envoyé à Washington pour lui demander de soutenir un putsch a exacerbé les tensions.

La décision de la Cour suprême a exacerbé les tensions et donne l'impression qu'un coup d'État pourrait faire chuter l'administration, qui se retrouve prise entre le plus haut tribunal du pays et les puissants généraux de l'armée pakistanaise.

Certains observateurs ont d'ailleurs laissé entendre que l'armée travaille en coulisses avec la cour afin de faire tomber le gouvernement en ayant recours à des stratégies constitutionnelles.