Une actrice pakistanaise, Veena Malik, a déposé une plainte en diffamation contre la version indienne du magazine FHM, l'accusant d'avoir mis en couverture une photo «transformée» la représentant nue avec les initiales des services de renseignement pakistanais sur son bras.

Le porte-parole de l'actrice, Sohail Rasheed, a indiqué lundi que l'actrice réclamait 100 millions de roupies (2 millions de dollars) de dommages auprès de FHM India, qui a assuré que la couverture était authentique.

«La photo a été transformée», a affirmé M. Rasheed à Islamabad, ajoutant que le magazine avait mis à mal «la crédibilité et la personnalité» de l'actrice.

«Veena Malik n'a jamais exposé sa nudité et elle n'a pas l'intention de le faire un jour», a-t-il ajouté.

Le numéro de décembre de FHM n'a été diffusé dans les kiosques que lundi après-midi mais la couverture auparavant mise en ligne sur son site internet a provoqué une frénésie médiatique.

Le rédacteur en chef de FHM, Kabeer Sharma, s'est déclaré déconcerté par les accusations de Veena Malik.

«Elle est peut-être confrontée à des critiques, c'est pourquoi elle dément (l'authenticité de) la couverture. Nous n'avons ni «photoshopé» ni modifié la couverture. Elle est comme ça, elle a un corps incroyable», a-t-il dit à l'AFP.

Sur son compte de microblogage Twitter, M. Sharma a précisé qu'il allait publier une série de photos prises lors de la séance de photos pour prouver sa bonne foi.

Même si la pose de l'actrice en couverture préserve un certain degré de pudeur, la nudité continue de susciter la désapprobation en Inde, un pays encore très conservateur, et au Pakistan voisin, à majorité musulmane.

Outre la photo en tenue d'Ève, les initiales -tatouées en gros sur le bras de l'actrice- des puissants services de renseignement pakistanais, l'ISI (Inter-Services Intelligence), ont aussi provoqué des froncements de sourcils.

La photo a provoqué le courroux du père de l'actrice, un militaire à la retraite, qui a déclaré à l'AFP l'avoir reniée pour son travail jugé scandaleux, qui a selon lui «humilié» sa famille, son pays et l'islam.

«Je l'ai reniée, j'ai coupé tous les liens avec elle et je ne veux rien avoir en commun avec elle tant qu'elle n'aura pas été blanchie de toute controverse et n'aura pas promis de ne pas retourner en Inde», a déclaré Malik Mohammad Aslam, 56 ans.

M. Aslam a déclaré qu'il n'approuvait pas la carrière d'actrice de sa fille et affirmé qu'il espérait la voir punie par les autorités si elle était reconnue coupable d'avoir posé nue, «afin qu'aucune autre femme ne puisse imaginer pouvoir en faire autant», a-t-il dit.

«Je peux passer outre si elle me désobéit, mais je ne peux pas tolérer quoi que ce soit à l'encontre de mon pays et de ma foi», a-t-il ajouté.

L'Inde et le Pakistan se sont livré trois guerres depuis leur indépendance concomitante de l'Empire britannique en 1947 et les relations diplomatiques entre ces deux pays dotés de la puissance atomique restent difficiles.

Selon le rédacteur en chef de FHM, l'idée était de se moquer de l'obsession indienne à l'égard de l'ISI.

«Les gens, en particulier la jeunesse des deux pays, ne veulent plus de cette façon de penser», a-t-il assuré.

Une autre photo dans les pages intérieures du magazine, intitulée «La couverture que nous n'avons pas utilisée», montre l'actrice seins nus, avec le même tatouage, serrant entre les dents une grenade.

L'actrice est déjà connue en Inde pour son apparition dans l'émission de télé-réalité Bigg Boss, version indienne de l'émission américaine Big Brother. Sa présence et son comportement lors de l'émission ont provoqué la colère du clergé radical au Pakistan.