La Birmanie a conclu un cessez-le-feu avec l'un des principaux groupes armés des minorités ethniques qui luttent depuis des décennies pour plus d'autonomie, dernier signe en date de l'ouverture du nouveau régime «civil» envers ses opposants, selon un médiateur.

L'accord a été signé vendredi par des représentants de l'Armée de l'État Shan Sud et les autorités locales dans cet État du Nord-Est du pays, a indiqué à l'AFP Hla Maung Shwe, fondateur de l'ONG Myanmar Egress qui a assisté à cette signature.

«C'est le premier groupe qui a signé un accord de paix, parmi les cinq que nous avons rencontrés», a-t-il expliqué. Les quatre autres sont l'Union nationale karen (KNU), l'Armée pour l'indépendance kachin (KIA), le Front national chin et le Parti national progressif karenni.

Des médias birmans en exil avaient annoncé cet événement. Selon le site d'informations Irrawaddy, l'accord comporte aussi des engagements du gouvernement pour le développement économique et la lutte contre la drogue. Et des négociations avec le gouvernement central devraient maintenant être organisées.

Aucune confirmation n'a pu être obtenue auprès des autorités birmanes ni du groupe shan.

De nombreux groupes minoritaires, qui représentent un tiers des 50 millions d'habitants, n'ont jamais pacifié leurs rapports avec le pouvoir depuis l'indépendance en 1948 et une guerre civile oppose depuis certains d'entre eux à l'armée birmane.

Dans un pays toujours dominé par les militaires, le nouveau gouvernement «civil», qui multiplie les réformes depuis la dissolution de la junte en mars, avait envoyé le mois dernier l'un de ses ministres pour négocier avec plusieurs de ces groupes, avait alors indiqué un des groupes.

Le même ministre, celui des Chemins de fer, était présent lors de la signature avec l'Armée de l'État Shan Sud, selon Myanmar Egress.

Dans un rapport publié cette semaine, le «think-tank» International Crisis Group (ICG) a salué ce dialogue entre autorités et rebelles, disant s'attendre à la signature de cessez-le-feu dans les prochaines semaines.

«Ces développements marquent l'un des moments les plus importants de six décennies de conflit», note le texte, tout en appelant à la prudence.

«Une paix durable n'est pas encore assurée. Les griefs des minorités ethniques sont profondes, et ramener la paix dans le pays prendra plus que des accords avec les groupes armés», poursuit-il.

Avec 9% de la population, les Shans sont le deuxième groupe ethnique derrière la majorité birmane. L'Armée de l'État Shan Sud est l'un des groupes rebelles les plus importants, avec des milliers de combattants.

Dans l'État Karen, à l'Est, des rebelles se battent sporadiquement depuis 1949 et dans l'État Kachin, au Nord, des combats ont repris depuis juin.

La presse officielle avait indiqué jeudi que des discussions avaient eu lieu la veille entre gouvernement et rebelles kachins, qui s'étaient mis d'accord pour continuer le dialogue.

«La KIA est celle avec qui il est le plus difficile de trouver un accord», a noté Hla Maung Shwe.

Les Occidentaux ont salué prudemment les réformes engagées par le nouveau régime, notamment le dialogue avec l'opposante Aung San Suu Kyi. Mais la fin des combats dans les zones ethniques, où les ONG dénoncent sans relâche les violations des droits de l'Homme, reste une demande clé.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, en visite historique cette semaine en Birmanie, avait salué les efforts du gouvernement en la matière.

«Mais tant que les violences terribles continuent dans ce qui est l'un des conflits intérieurs les plus anciens, il sera difficile de commencer un nouveau chapitre», avait-elle souligné.