Le gouvernement thaïlandais a exclu lundi d'amnistier l'ex-premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, apaisant une polémique sur un décret qui aurait permis au frère de la chef du gouvernement de rentrer dans son pays.

Les médias locaux avaient accusé la semaine dernière le gouvernement de Yingluck Shinawatra d'avoir préparé un décret d'amnistie effaçant une condamnation de Thaksin à deux ans de prison datant de 2008, pour malversations financières.

Les démocrates de l'opposition avaient violemment protesté contre cette hypothèse.

Le ministre de la Justice Pracha Promnok l'a pourtant exclu dimanche soir, sans préciser s'il n'en avait jamais été question ou si le projet de grâce royale avait été modifié.

Thaksin «ne bénéficiera pas» de la grâce royale annuelle, a-t-il déclaré aux journalistes, en se refusant à tout autre commentaire.

Les informations sur cette amnistie présumée avaient provoqué une levée de boucliers alors que Yingluck Shinawatra est très critiquée pour sa gestion des inondations, et reste souvent décrite comme une marionnette de son frère.

Des centaines de personnes ont manifesté à Bangkok vendredi contre le projet présumé et l'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD), le principal mouvement royaliste connu sous le nom de «chemises jaunes», avait annoncé un rassemblement lundi. Avant d'y renoncer suite aux déclarations de Pracha.

La Thaïlande est profondément divisée entre les masses rurales et urbaines défavorisées du nord et du nord-est, pour la plupart fidèles à Thaksin, et les élites de la capitale -armée, magistrats, hauts fonctionnaires- gravitant autour du palais royal, qui le détestent.

L'ex-magnat des télécommunications demeure la personnalité politique à la fois la plus haïe et la plus adorée du royaume.

«Je crois dans le principe qui veut que le gouvernement ne fera rien qui pourrait me favoriser, ou n'importe quel individu en particulier», a-t-il déclaré dimanche depuis Dubaï.

Toute action entreprise aujourd'hui doit «apporter la réconciliation nationale à notre pays et lui permettre de surmonter la crise» des inondations historiques qu'il traverse depuis quatre mois, a-t-il ajouté.