L'artiste contestataire chinois Ai Weiwei va verser 8 millions de yuans (1 285 000$) de caution pour pouvoir faire appel du redressement fiscal que les autorités lui réclament, a déclaré mardi à l'AFP un avocat du plasticien.

«Ce matin le bureau des taxes nous a dit que nous n'avions pas le choix, que la seule possibilité pour la société de Ai Weiwei de poursuivre la procédure légale était de transférer la somme exigée comme caution sur un compte désigné», a expliqué Xia Ling, l'un des défenseurs de M. Ai.

Le fisc réclame 15 millions de yuans (2,3 millions de dollars) à la société Beijing Fake Cultural Development, fondée par Ai Weiwei mais qui appartient à son épouse.

L'avocat de l'artiste a déclaré que le Bureau des taxes avait promis «que la somme servirait pour la caution et ne constituait pas le paiement» d'une partie de la somme réclamée par les services fiscaux, ajoutant que les avocats exigeaient encore un document écrit leur donnant cette garantie.

Le versement de la caution ouvrira une période de deux mois au cours de laquelle Ai pourra faire appel du redressement fiscal.

Ai Weiwei avait déclaré un peu plus tôt que le fisc menaçait de transmettre le dossier à la police s'il ne payait pas les 15 millions de yuans mercredi.

Le versement de la caution constitue un revirement inattendu alors que lundi, un autre avocat d'Ai Weiwei, Pu Zhiqiang, avait dit que le fisc refusait que l'argent collecté par des dons depuis début novembre en faveur de l'artiste serve pour payer la caution.

Dimanche soir, le montant des dons versés s'élevait à 8,69 millions de yuans (1,4 million de dollars).

Ai Weiwei, célèbre notamment pour avoir participé à la conception du «nid d'oiseau», le stade olympique de Pékin, se dit non coupable de fraude fiscale et victime d'une tentative du régime communiste de le «briser».

L'artiste avait été arrêté en avril alors qu'il allait embarquer à l'aéroport de Pékin, à un moment où le régime communiste avait encore resserré l'étau autour des dissidents par crainte d'une contagion des révoltes populaires du printemps arabe.

Ai est l'un des artistes les plus virulents contre le pouvoir en Chine. Il avait déclaré il y a un an à l'AFP que le système politique dans son pays «sacrifiait l'éducation, l'environnement et les intérêts du plus grand nombre pour permettre à une poignée de gens de s'enrichir grâce à leurs relations avec le gouvernement».

L'artiste s'est dit la semaine dernière «très surpris» par l'afflux des soutiens en sa faveur.