Les Nations unies ont demandé lundi que cessent les «ingérences» dans le travail du tribunal de Phnom Penh chargé de juger les Khmers rouges, après la démission d'un juge d'instruction qui dénonce les pressions du gouvernement cambodgien.

La direction de l'ONU compter surveiller de près le travail des chambres extraordinaires du tribunal pour les Khmers rouges après la démission lundi de Siegfried Blunk, co-juge d'instruction allemand, à la suite selon lui d'«ingérences» politiques, a indiqué le porte-parole adjoint de l'ONU Eduardo Del Buey.

«Les Nations unies ont pris note des raisons invoquées par le juge Blunk pour sa démission. Comme nous l'avons constamment souligné, (le tribunal) doit pouvoir faire son travail sans ingérence de quelque entité que ce soit, y compris le gouvernement royal du Cambodge, les pays donateurs ou la société civile», a indiqué le porte-parole adjoint de l'ONU Eduardo Del Buey.

Le magistrat allemand, chargé avec son confrère cambodgien de deux dossiers controversés dans lesquels aucune inculpation n'a été prononcée, a dénoncé ce qui «sera perçu comme des tentatives d'ingérences de responsables du gouvernement».

M. Del Buey a précisé que l'ONU «travaillait de façon urgente» à faire en sorte que le remplaçant de M. Blunk, le Suisse Laurent Kasper Ansernet, soit à pied d'oeuvre «de façon à ce que l'important travail du tribunal ne soit pas interrompu».

Le porte-parole a souligné le «fort soutien» de M. Ban à ce tribunal chargé d'enquêter sur les atrocités des Khmers rouges.

Un seul accusé a été pour l'instant jugé: Kaing Guek Eav, alias Douch, ex-chef de la prison de la capitale, a écopé en juillet 2010 de 30 ans de prison. Il attend un verdict en appel.

L'ex-ministre des Affaires étrangères des Khmers rouges Ieng Sary, l'idéologue du régime Nuon Chea, le président du «Kampuchea démocratique» Khieu Samphan et la ministre des Affaires sociales Ieng Thirith, doivent répondre de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité.