Plus de 100 millions d'habitants viendront grossir la population des villes chinoises d'ici la fin de la décennie alors que le pays le plus peuplé du monde connaît depuis 20 ans un exode rural sans précédent, selon une nouvelle prévision officielle.

La population urbaine de la Chine devrait atteindre 800 millions de personnes en 2020 contre 666 millions en 2010, prévoit un rapport gouvernemental dont des extraits ont été publiés dimanche par certains médias.

Près de la moitié de 1,34 milliard de Chinois vivent aujourd'hui en ville, contre seulement un habitant sur cinq il y a 30 ans. Le rythme effréné de la croissance urbaine entraîne des besoins colossaux en termes d'infrastructures, de transports, d'énergie, de traitements des eaux, entre autres.

Cette très rapide urbanisation ne va pas sans créer de tensions par ailleurs alors que les ruraux chinois fraîchement installés en ville ne bénéficient pas des mêmes droits, notamment en matière d'accès aux services sociaux, de santé et d'éducation que ceux qui jouissent du statut de citadin.

De plus en plus d'enfants de migrants qui ont grandi en ville réclament aujourd'hui les mêmes droits que les détenteurs d'un «certificat de résidence urbain».

La situation est particulièrement tendue dans les régions où les migrants représentent une part importante, sinon la majorité de la population.

En juin, des centaines de migrants avaient affronté les forces de l'ordre pendant trois jours dans la ville de Xintang de la province du Guangdong (sud), suite à des rumeurs selon lesquelles des policiers avaient battu à mort un vendeur de rues et maltraité sa femme enceinte.

La prévision d'accroissement de la population urbaine est basée sur une enquête effectuée l'an dernier auprès de la «population flottante» de migrants dans 106 villes chinoises.

Les migrants connaissent fréquemment d'importantes difficultés économiques, récemment renforcées par une inflation élevée.

Une famille de migrants sur cinq dépense plus que ce qu'elle gagne, selon l'enquête, alors que moins de la moitié d'entre eux disposent d'une assurance médicale ou cotisent pour leur retraite.