Le chef du parti conservateur au pouvoir en Corée du Sud a annoncé mardi qu'il allait se rendre en Corée du Nord vendredi, dans un geste d'apaisement et de dialogue en direction de Pyongyang.

Hong Joon-Pyo, qui dirige le Grand parti national (GNP) et plaide pour une reprise du dialogue avec Pyongyang, va visiter une zone industrielle transfrontalière gérée par les deux Corées à Kaesong.

«Les relations intercoréennes ne devraient pas rester plus longtemps tendues», a-t-il dit, tout en précisant qu'il ne rencontrerait pas de responsables nord-coréens.

Censé symboliser la réconciliation des deux Corées, le parc industriel de Kaesong, financé par Séoul, emploie environ 45 000 Nord-Coréens travaillant pour le compte de 120 sociétés du Sud qui produisent notamment des habits, chaussures, montres, ustensiles de cuisine.

Le déplacement, approuvé par Pyongyang et négocié par le ministère sud-coréen de l'Unification, sera le premier d'un dirigeant du GNP depuis l'entrée en fonctions du président Lee Myung-Bak, partisan d'une ligne dure à l'égard du régime communiste, en février 2008.

Lee Myung-Bak conditionnait toute aide nouvelle au Nord à une reprise des négociations sur le nucléaire nord-coréen, une position jugée inacceptable par Pyongyang.

Mais le président Lee a semblé vouloir changer de cap ces derniers temps avec le limogeage, fin août, de son ministre chargé des relations avec la Corée du Nord, partisan, lui aussi, de l'intransigeance.

Ce ministre, Hyun In-Taek, a été remplacé par l'ambassadeur de Corée du Sud à Pékin, Yu Woo-Ik.

Séoul et Pyongyang multiplient les annonces de bonne volonté depuis quelques semaines en vue d'apaiser les tensions liées au nucléaire nord-coréen et aux incidents frontaliers entre les deux armées.

Des négociateurs des deux Corées se sont rencontrés à deux reprises depuis juillet et un haut responsable nord-coréen s'est rendu à New York cet été pour rencontrer l'émissaire spécial américain pour la Corée du Nord, Stephen Bosworth.

Il s'agit notamment de relancer les négociations sur le nucléaire nord-coréen.

Hébergées par la Chine, ces négociations à Six (les deux Corées, la Chine, le Japon, la Russie et les États-Unis) visent à convaincre Pyongyang d'abandonner son programme nucléaire en échange d'une aide énergétique importante.

Ces laborieuses discussions, ouvertes en 2003, sont au point mort depuis décembre 2008. Pyongyang s'en était officiellement retiré en avril 2009, un mois avant de procéder à un deuxième essai nucléaire, après celui de 2006.

Pour Yang Moo-Jin, chargé d'études nord-coréennes à l'Université de Séoul, «le voyage de Hong doit permettre de changer l'atmosphère» de part et d'autre de la frontière.

«Ca n'entraînera peut-être pas la reprise complète du dialogue intercoréen, mais cela montre que la Corée du Sud est disposée à reprendre langue avec la Corée du Nord», a-t-il confié à l'AFP.