«Tous sous les tables, vite»: dans une école primaire du nord de Tokyo, comme tous les 1er septembre, les enfants sont entraînés à réagir en cas de séisme. Mais ce jeudi, six mois après la tragédie du 11 mars, ces exercices prennent une dimension inédite.

«Vous vous souvenez du principe «OKASHIMO» que je vous ai enseigné pour quitter la classe en toute sécurité après la fin des secousses?», avait interrogé la maîtresse peu avant que ne retentissent la sirène et l'annonce d'une simulation de tremblement de terre de magnitude 7,3 dans la capitale.

Et tous les écoliers de répondre alors en choeur «O osanai (ne pas pousser), KA kakenai (ne pas courir), SHI shaberanai (ne pas parler), MO modoranai (ne pas faire demi-tour)».

«Aujourd'hui, plus que les autres fois, je vous demande de bien respecter les consignes pour fuir sans risque, car un jour peut-être, un énorme séisme, comme celui du 11 mars dans le nord-est, se produira ici», avait-elle doctement insisté.

Des petits de 6 ans aux plus grands d'une douzaine d'années, tous les enfants de l'établissement se rassemblent dans la cour, tête protégée par une capuche spéciale, en permanence accrochée à leur dossier de chaise.

Une fois en bas, bien rangés, un des enseignants, portant un casque et un sac à dos de premiers secours, saisit un haut-parleur, un rien agacé par l'attitude de quelques élèves: «Aujourd'hui est le jour de prévention des désastres, en souvenir du grand tremblement de terre du Kanto (est) en 1923», rappelle-t-il. «Vous n'avez pas connu cette tragédie, mais vous avez tous vécu le séisme du 11 mars dernier, vous avez tous eu peur, n'est-ce pas?»

«N'oubliez pas cela. Ne vous dites pas, «ouais, les exercices ça suffit, ces discours ça suffit», car le jour d'une catastrophe, vous serez bien ennuyés», poursuit-il avant de passer la parole au directeur, en uniforme de secouriste, comme c'est la règle pour les fonctionnaires.

«Vous savez combien de temps vous avez mis à descendre dans la cour? Cinq minutes 17, qu'en pensez-vous? Eh bien c'est beaucoup trop long! Si vous vous comportez ainsi le jour d'un séisme, il y aura des blessés et même peut-être des morts», se fâche-t-il.

«On peut y parvenir en moins de 4 minutes, c'est l'objectif, compris!»

Un peu plus tard, à quelques stations de métro de cette école, sur le toit du grand magasin Seibu du quartier d'Ikebukuro, les employés, vêtus de combinaisons et casques, simulent toutes les actions qu'ils devront effectuer en cas d'incendie, jusqu'à l'arrivée des pompiers, avec des mots et gestes très militaires.

«Ils sont entraînés, ont suivi une formation de deux semaines et font des exercices réguliers», précise un responsable.

«Pour que leur motivation soit plus forte encore, les pompiers organisent des tournois avec des équipes des différents grands magasins du quartier», ajoute-t-il.

Le matin même, avant l'ouverture des portes aux clients, 1500 personnes ont participé à un exercice d'évacuation sur le toit, en supposant une situation de très violent séisme.

Dans les gares, des annonces préviennent les passagers que des tests ont lieu tout au long de la journée, les priant d'excuser les désagréments de ces mesures, justifiées par les risques constants de tremblement de terre de magnitude supérieure à 7 dans la région de Tokyo.

Dans les entreprises aussi, des simulations à grande échelle ont eu lieu jeudi, sur la base de plans révisés à l'aune de la tragique expérience du 11 mars.

«Nous avons construit un scénario selon lequel la zone métropolitaine de Tokyo subit des dommages importants, entraînant des pannes de courant et des perturbations qui empêchent les télécommunications (mobiles et courriels compris), afin de tester la réaction du personnel des 98 sociétés du groupe réparties sur 260 sites de la région supposée dévastée», a expliqué le spécialiste de l'informatique Fujitsu.