Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il était en route vers la Chine jeudi après une rencontre la veille avec le président russe Dmitri Medvedev en Sibérie, où il a proposé d'imposer un moratoire sur ses essais nucléaires, une concession accueillie avec méfiance par Washington.

Le train blindé de M. Kim s'approche de la frontière entre la station russe de Zabaïkalsk (région de Tchita, Sibérie Orientale) et la région chinoise de Mandchourie, a déclaré un responsable de la police locale.

«Le train a quitté la gare (de Zabaïkalsk) et se dirige vers la frontière chinoise», a indiqué ce responsable, dont le nom n'a pas été précisé, à l'agence RIA Novosti.

Il n'était pas clair dans l'immédiat si Kim Jong-Il allait s'arrêter en Chine ou simplement traverser ce pays pour revenir en Corée du Nord.

Le dirigeant nord-coréen s'est dit prêt mercredi à imposer un moratoire sur ses essais nucléaires en cas de reprise des pourparlers à Six sur le programme nucléaire de Pyongyang, lors d'entretiens avec le président Dmitri Medvedev sur une base militaire en Sibérie.

Les négociations à Six (Chine, les deux Corées, Etats-Unis, Japon, Russie) sur la dénucléarisation sont au point mort depuis décembre 2008. Pyongyang s'en était retiré officiellement en avril 2009, un mois avant de procéder à un deuxième essai nucléaire.

Les États-Unis et la Corée du Sud ont accueilli fraîchement la proposition de Kim. «Si c'est vrai, c'est un premier pas bienvenu, mais qui est loin de suffire (...) pour reprendre les pourparlers à Six», a commenté ainsi Victoria Nuland, porte-parole du département d'État.

«Je ne vois pas d'avancée particulière», a déclaré de son côté à l'AFP le porte-parole adjoint du ministère sud-coréen des Affaires étrangères, Shin Maeng-Ho.

Pour le quotidien russe Kommersant, le président Medvedev «n'a pas réussi à parvenir à une avancée globale» sur le dossier nucléaire nord-coréen.

L'influence de Moscou sur Pyongyang a considérablement diminué depuis la chute de l'URSS en 1991. La dernière visite de M. Kim en Russie remonte ainsi à 2002, alors qu'il s'est rendu trois fois en Chine depuis le début 2010.

De son côté, Dmitri Medvedev a estimé que ses entretiens avec Kim Jong-Il avaient été «ouverts» et «substantiels», en annonçant notamment que la Corée du Nord soutenait le projet de gazoduc destiné à transporter du gaz russe en Corée du Sud.

«D'après ce que je comprends, la Corée du Nord est intéressée par la réalisation de ce type de projet trilatéral avec la participation de la Russie et de la Corée du Sud», a-t-il déclaré.

Plusieurs journaux russes se sont cependant montrés sceptiques sur la viabilité de ce projet, compte tenu du niveau de méfiance générale du régime nord-coréen.

«Du point de vue de la sécurité des livraisons (de gaz), ce projet est une folie pour la Russie en ce moment», souligne le quotidien économique Vedomosti dans son éditorial.

Le dirigeant nord-coréen, qui n'aime pas voyager en avion, est arrivé en Extrême-Orient russe le 20 août à bord de son train blindé. Pour des raisons de sécurité, sa venue n'a fait l'objet d'aucune annonce officielle et son séjour en Russie a été entouré de secret.