Au moins 92 personnes ont été tuées en six jours à Karachi, au plus fort des violences politico-ethniques et mafieuses qui ensanglantent la gigantesque capitale économique du Pakistan, ont indiqué des responsables de la sécurité lundi.

Ces tueries, perpétrées essentiellement par les gangs armés de groupes criminels recoupant des rivalités politiques et ethniques, sont, depuis quelques semaines, les pires qu'aient connues la mégalopole de quelque 18 millions d'habitants en 16 années de vagues cycliques de violences urbaines.

«Au moins 11 personnes ont été tuées depuis dimanche soir et, pour l'instant, au moins 92 depuis mercredi matin», a déclaré à l'AFP un haut responsable des forces de sécurité à Karachi, sous couvert de l'anonymat car il n'est pas autorisé à parler aux médias.

Un haut responsable du département de la Santé de la municipalité a confirmé à l'AFP ce bilan, sous couvert d'anonymat également.

«La plupart étaient des personnes qui avaient été kidnappées, torturées, enfermées dans des sacs de jute et jetés ça et là», a-t-il ajouté. Les cadavres atrocement mutilés retrouvés dans ces sacs, mais aussi brûlés ou écorchés vifs, sont une constante dans les violences de Karachi.

Ces dernières opposent depuis des années le Muttahida Qaumi Movement (MQM), le parti qui dirige la ville et représente les Pakistanais venus d'Inde après la partition de 1947, le Parti du Peuple Pakistanais (PPP), au pouvoir dans le pays, et les Pachtounes, l'ethnie des zones frontalières avec l'Afghanistan dans l'ouest.

La dernière vague concerne essentiellement le MQM et les Pachtounes, ces derniers notamment au sein du parti laïc Awami National Party, notamment mais aussi des gangs de chaque ethnie qui se disputent les marchés de la drogue et des jeux illégaux dans la ville.

Depuis le début de l'année, les autorités ont déployé à Karachi des centaines de renforts de policiers et de militaires pour endiguer ces violences, en vain.

Les zones les plus touchées par la violence sont des quartiers pauvres dont la population a gonflé avec l'arrivée de migrants intérieurs venus en particulier des régions du nord-ouest, bastion des talibans et des combattants d'Al-Qaïda.