Trois semaines après, la tragique collision de deux trains à grande vitesse continuait à ébranler le secteur ferroviaire en Chine, avec le rappel vendredi par leur constructeur de 54 TGV de la ligne Pékin-Shanghai pour «problèmes techniques».

L'annonce faite par la China CNR Corp -- une compagnie étatique chinoise -- intervient après la décision du gouvernement de suspendre tout nouveau projet de construction dans les chemins de fer après l'accident le 23 juillet dans l'est du pays.

«China CNR Corp (...) rappelle 54 trains à grande vitesse fabriqués par nos filiales et qui sont déjà en opération, pour des analyses systématiques des causes de certains problèmes techniques», a indiqué la compagnie dans un communiqué à la Bourse de Shanghai.

Le rappel, qui va affecter environ un quart de la desserte, va permettre de «mener une révision pour assurer la qualité et la sûreté» des trains, explique le communiqué, approuvé par le ministère des Chemins de fer.

La Chine avait annoncé jeudi qu'elle suspendait tout nouveau projet de construction dans les chemins de fer, la collision des deux TGV ayant suscité de graves inquiétudes sur la sécurité de son réseau en plein essor.

Cette collision, survenue lors d'un orage, avait fait 40 morts près de Wenzhou (est) --le pire accident ferroviaire en Chine depuis 2008.

Le gouvernement chinois a également décidé d'«étudier de manière  approfondie» les projets déjà approuvés et a limité la vitesse des TGV.

L'accident de Wenzhou aurait «absolument pu être évité», a affirmé Luo Lin, le chef de l'équipe d'enquête sur la catastrophe, cité vendredi par le quotidien China Daily.

Selon lui la collision aurait été provoquée par des erreurs de conception de matériel, le Bureau ferroviaire de Shanghai ayant lui évoqué fin juillet un problème de l'équipement de signalisation.

La ligne à grande vitesse reliant Pékin à Shanghai, lien symbolique entre la capitale politique et la capitale économique de la Chine d'un coût de construction de 33 milliards de dollars, avait été inaugurée en fanfare fin juin en présence du premier ministre Wen Jiabao.

Mais divers problèmes techniques, comme des pannes d'électricité, de fréquents retards et un manque d'affluence de passagers ont entaché ses débuts, a indiqué vendredi le 21st Century Business Herald.

Tan Xiaofeng, porte-parole de China CNR Corp, a expliqué à l'AFP que les 54 TGV rappelés, des CRH380BL construits par la Chine, mais à partir de technologies fournies par l'allemand Siemens, avaient des problèmes «mineurs, mais répandus» sur des détecteurs de chaleur.

La cotation de CNR a été suspendue jeudi à la Bourse de Shanghai et n'avait pas repris vendredi.

La catastrophe de Wenzhou avait déclenché un flot de messages sur l'internet où des Chinois ont accusé le gouvernement de sacrifier leur sécurité au développement économique effréné du pays.

Même le très officiel organe du Parti communiste, le Quotidien du Peuple, avait averti que le PIB de la Chine ne pouvait être «taché de sang».

Le réseau de TGV chinois, seulement inauguré en 2007 a connu un essor fulgurant pour devenir le plus vaste du monde. Il doit passer de 8358 km fin 2010 à plus de 13 000 km en 2012 et à 16 000 km en 2020.

Fière de sa technologie acquise grâce à des transferts étrangers, la Chine avait entrepris d'exporter du matériel pour la grande vitesse, s'affrontant sur le marché mondial avec des multinationales comme le français Alstom, le canadien Bombardier et Siemens.