Quinze personnes ont été tuées dans la ville de Kashgar, au Xinjiang (nord-ouest), lors de deux attaques samedi et dimanche puis l'intervention de la police, ont annoncé le gouvernement de la région et l'agence Chine Nouvelle qui évoque des «émeutiers».

Ces violences interviennent moins de deux semaines après des troubles, le 18 juillet, qui ont fait 20 morts dans la ville de Hotan, située elle aussi au Xinjiang, une Région autonome à population musulmane où le pouvoir communiste chinois, malgré une poigne de fer, est en butte à l'instabilité depuis des années.

Une première attaque à l'arme blanche menée contre des passants par deux Ouïghours a eu lieu samedi, faisant sept morts et dans laquelle l'un des assaillants a trouvé la mort, selon le gouvernement de la région autonome  peuplée de membres de cette minorité ethnique musulmane et turcophone.

Dimanche après-midi, des inconnus ont, lors d'une deuxième attaque à l'arme blanche, selon Chine nouvelle, fait trois morts dans cette même ville de Kashgar, dans l'extrême ouest du Xinjiang, près de la frontière du Kirghizstan.

La police a abattu quatre «suspects» dimanche après-midi à Kashgar, a ensuite annoncé Chine nouvelle.

«Le Xinjiang, où vit une minorité ouïghoure, et d'autres groupes ethniques, a été sous la menace terroriste», poursuit l'agence.

«Quatre suspects ont été abattus (...) et quatre autres ont été arrêtés, alors que la police en recherche encore quatre après une éruption de violences à 16H30» (08H30 GMT), a annoncé l'agence officielle, qui après avoir initialement parlé d'une explosion, évoquait des «émeutiers».

«Des sources locales avaient auparavant indiqué que trois personnes avaient été tuées dans une explosion, mais des témoins ont rapporté que les victimes ont été tuées à l'arme blanche par des émeutiers», a écrit l'agence officielle.

Samedi, sept personnes ont été tuées et 28 blessées à l'arme blanche à Kashgar par deux Ouïghours, avaient auparavant annoncé dimanche à l'AFP les autorités du Xinjiang.

Selon le site gouvernemental tianshannet.com, deux inconnus se sont emparés d'une camionnette arrêtée à un feu rouge dans une rue animée d'un marché de nuit. Ils ont tué le conducteur puis dirigé le véhicule sur la foule qui se trouvait sur le trottoir.

Les deux hommes sont ensuite descendus de la camionnette et ont commencé à poignarder des passants, faisant six morts et 28 blessés, avant que la foule se défende et tue l'un des assaillants.

Un porte-parole de la région autonome, Hou Hanmin, a ajouté que les deux assaillants étaient Ouïghours et que le survivant avait été arrêté.

Plus de huit millions de Ouïghours vivent au Xinjiang, et nombre d'entre eux dénoncent depuis des décennies la répression culturelle et religieuse dont ils font l'objet, ainsi que l'immigration massive de Hans, l'ethnie majoritaire en Chine.

Les efforts importants consentis ces dernières années par Pékin pour développer économiquement cette région riche en ressources naturelles mais reculée et encore largement sous-développée ont essentiellement profité aux Hans, estiment de nombreux Ouïghours.

La capitale du Xinjiang, Urumqi, avait été secouée en juillet 2009 par des émeutes entre Ouïghours et Hans qui avaient fait au moins 200 morts et quelque 1.700 blessés, selon des sources officielles, mais bien plus encore selon les exilés.

Après ces émeutes interethniques, les plus meurtrières en Chine en des décennies, une implacable répression s'était abattue sur les Ouïghours avec des dizaines d'exécutions, de nombreuses disparitions et arrestations, aggravant encore le fort ressentiment de cette minorité contre le pouvoir communiste chinois.