La Corée du Sud, les États-Unis et le Japon ont salué samedi l'esquisse d'un dialogue entre les deux Corées, et ont réclamé des mesures concrètes pour reprendre les discussions nucléaires, mettant l'accent sur la poursuite de l'enrichissement d'uranium par Pyongyang.

Les chefs de la diplomatie des trois pays se sont rencontrés à Bali (Indonésie) en marge d'une réunion régionale sur la sécurité, au lendemain d'une rare rencontre bilatérale entre les émissaires nord et sud-coréens pour le dossier nucléaire.

Le Japonais Takeaki Matsumoto, le Sud-Coréen Kim Sung-hwan et l'Américaine Hillary Clinton ont accueilli favorablement cette rencontre, demandant qu'elle soit le début d'un «processus durable».

Selon un diplomate américain, lors de leur entretien, le premier depuis l'échec des pourparlers multilatéraux en décembre 2008, les responsables coréens «ont fait des progrès».

La Corée du Nord réclame depuis longtemps la reprise du dialogue à Six (Chine, les deux Corées, États-Unis, Japon, Russie) sur la dénucléarisation de la péninsule, dont Pyongyang avait officiellement claqué la porte au printemps 2009.

Mais pour Washington, Séoul et Tokyo, pas question de s'emballer.

La poursuite de l'enrichissement d'uranium par Pyongyang fait obstacle à la reprise des pourparlers, ont-ils affirmé dans leur communiqué.

La Corée du Nord a effectué deux essais nucléaires en 2006 et 2009 et dévoilé en novembre 2010 une usine d'enrichissement d'uranium. Elle a jusqu'à présent fabriqué ses bombes avec du plutonium.

La Chine avait jugé en mars que la question de l'enrichissement devait être discutée, mais dans le cadre des pourparlers à six.

Son ministre des Affaires étrangères Yang Jiechi a samedi salué la rencontre des deux envoyés et espéré que les négociations à six pourraient reprendre «aussi vite que possible».

Washington, Séoul et Tokyo ont par ailleurs réitéré samedi la condition d'un dialogue approfondi entre les deux Corées, et en particulier d'un «effort sincère» de Pyongyang.

«Nous restons fermes sur le fait que pour reprendre les pourparlers à Six, la Corée du Nord doit prendre des mesures pour améliorer les relations Nord-Sud», avait estimé plus tôt Mme Clinton.

Mais les États-Unis ne sont pas prêts à revenir à la table des négociations «selon le cycle classique» qui a permis par le passé à la Corée du Nord d'obtenir des «avantages» en échange de promesses jamais tenues, a souligné un responsable américain.

Le négociateur nord-coréen Ri Yong-Ho, avait assuré vendredi, après sa rencontre avec son homologue du Sud, que les deux capitales étaient prêtes à faire «des efforts conjoints pour reprendre les pourparlers à Six le plus tôt possible».

Samedi matin, leurs ministres des Affaires étrangères se sont brièvement parlé, pour la première fois depuis 2008, selon l'agence sud-coréenne Yonhap.

Ces deux rencontres sont intervenues alors que les relations entre les deux voisins sont au plus bas depuis un an, après le torpillage en mars 2010 d'une corvette, attribué par une enquête internationale à Pyongyang, puis le bombardement d'une île en novembre.

Séoul a réclamé des excuses, mais le Nord s'y est jusqu'à présent refusé.