Trois explosions simultanées ont fait au moins 17 morts et plus de 130 blessés mercredi soir à Bombay au cours de l'attentat le plus meurtrier dans la capitale financière de l'Inde depuis les sanglantes attaques d'un groupe islamiste en 2008.

Les bombes ont explosé dans des quartiers fréquentés, dont deux situés dans le sud de Bombay déjà frappé en novembre 2008 par un commando de dix hommes lourdement armés qui avaient fait 166 morts au terme d'un siège de 60 heures.

«C'est une nouvelle attaque au coeur de l'Inde, une nouvelle attaque contre Bombay», a déclaré Prithviraj Chavan, le chef du gouvernement du Maharashtra, dont Bombay est la capitale, ajoutant: c'est un «défi à la souveraineté indienne».

Le ministère de l'Intérieur a indiqué qu'au moins 17 personnes avaient été tuées et 130 autres blessées, dont de nombreuses grièvement.

Dans un communiqué, le Premier ministre Manmohan Singh a condamné les attentats, appelant la population de Bombay à «rester calme et à montrer un visage uni».

Les attentats ont aussi été condamnés à l'étranger, le président américain Barack Obama les qualifiant de «révoltants», tandis que la secrétaire d'État Hillary Clinton a annoncé qu'elle maintenait sa visite en Inde prévue la semaine prochaine.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a «condamné dans les termes les plus forts» les attentats, réaffirmant que «les actes de terrorisme sont criminels et injustifiables, quelle que soit leur motivation».

Le président français Nicolas Sarkozy a «condamné» mercredi «avec la plus grande fermeté la violence lâche et aveugle» des attentats, qualifiés d'actes «barbares» par le chef de la diplomatie française Alain Juppé. Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a condamné des «actes de terrorisme déplorables», tandis que le Premier ministre canadien Stephen Harper a «fortement condamné» les attentats.

Le ministre indien de l'Intérieur P. Chidambaram a déclaré à la presse à New Delhi qu'il s'agissait d'une «attaque coordonnée par des terroristes», précisant que «toute la ville de Bombay a été placée en état d'alerte».

Les deux plus fortes explosions, qui se sont produites à une heure d'affluence, ont frappé un marché de l'or et un quartier abritant des courtiers en diamants ainsi que des bijouteries dans le sud de la ville. Une troisième explosion a touché plus au nord une zone résidentielle de la classe moyenne.

Les bombes déclenchées par un minuteur, selon M. Chavan, ont explosé dans un intervalle de 15 minutes à partir de 18h50 locales.

«Il est clair que les auteurs voulaient toucher le plus de monde possible. De nombreuses personnes ont été blessées», a déclaré à des journalistes un ministre du gouvernement local, Chhagan Bhujbal.

M. Chidambaram a convoqué une réunion de haut niveau tandis qu'une équipe des services fédéraux d'investigation a été dépêchée à Bombay.

Les attentats n'ont pas été revendiqués, mais les soupçons se portaient sur deux groupes islamistes qui ont déjà frappé en Inde ces dernières années: le groupe des «Moudjahidine indiens» et le Lashkar-e-Taïba (LeT), basé au Pakistan.

En 2008, un commando de dix hommes lourdement armés avait semé la mort à Bombay en attaquant plusieurs lieux au coeur de la ville, tels la gare ferroviaire, des hôtels de luxe et un café touristique.

L'Inde avait alors accusé le LeT d'avoir orchestré ces attentats, entraînant la suspension des fragiles discussions de paix bilatérales entre New Delhi et Islamabad.

Les discussions entre les deux pays rivaux d'Asie du Sud, dotés de la puissance nucléaire, n'ont repris qu'il y a quelques mois. Les chefs de la diplomatie indienne et pakistanaise doivent se rencontrer à New Delhi la dernière semaine de juillet.

Des témoins à l'extérieur du bâtiment abritant des courtiers dans le sud de Bombay ont déclaré qu'une voiture piégée avait explosé vers 18h45, au moment où le quartier grouillait d'employés rentrant chez eux.

«Il y avait beaucoup de gens gravement blessés. Nous ne savons pas combien sont morts mais c'était une très grosse explosion», a déclaré à l'AFP Nimesh Mehta, 38 ans, qui tient un stand d'alimentation.

«C'était une attaque lâche», a témoigné Ravinder Singh, 48 ans. «C'était des innocents, pauvres comme riches».

Le dernier attentat en Inde s'est produit en février 2010 à Pune, dans l'ouest du pays. Une explosion avait frappé un restaurant bondé, faisant seize morts.

En 2006, une série de sept puissantes explosions dans des trains de banlieue à Bombay avaient tué 187 passagers et fait 800 blessés, des attaques dans lesquelles l'Inde avait aussi vu la main de groupes rebelles basés au Pakistan.