Jusqu'à un million de Thaïlandais ont été privés de vote lors des élections de ce week-end, a indiqué mardi une organisation d'observateurs, dénonçant une communication insuffisante des autorités dans le processus.

La Commission électorale a eu recours à une liste datant de 2007, privant ainsi jusqu'à 2,5% des électeurs d'exercer leur devoir civique, selon le Réseau asiatique pour des élections libres (Anfrel).

«La commission n'a pas suffisamment informé les électeurs de la nécessité de se réenregistrer en 2011», a expliqué son président Damaso Magbual lors d'une conférence de presse à Bangkok, après avoir déployé 21 observateurs dans 14 provinces.

Le parti Puea Thai emmené par Yingluck Shinawatra a obtenu la majorité absolue dimanche. Il est dirigé de facto par le frère de la femme d'affaires, l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé par un coup d'État en 2006 et aujourd'hui en exil.

Les observateurs d'Anfrel ont répertorié plusieurs cas d'achat de voix, dans un pays où le phénomène est endémique à chaque consultation. «Nous avons besoin d'enquêter plus avant sur cette question», a précisé un cadre de l'ONG sans préciser les circonscriptions, ni les partis concernés.

Ils ont enfin qualifié de globalement «professionnel et neutre» le comportement des militaires, tout en reprochant à certains d'avoir voté avec leur arme en violation de la loi.

Quant aux rumeurs de coup d'État, que le ministre de la Défense a fermement écarté dès lundi, M. Magbual s'est montré prudent.

«Je leur donne le bénéfice du doute. Seul le temps va nous le dire», a-t-il confié, sourire en coin. «Je crois que l'armée va y réfléchir à deux fois avant de faire quoique ce soit d'inapproprié, considérant ce qui se passe actuellement au Moyen-Orient».