Les inondations, les cyclones, les séismes dans les pays voisins et désormais un nuage de cendres volcaniques portent un sérieux coup à l'industrie du tourisme en Australie, qui souffrait déjà d'un taux de change peu avantageux pour les visiteurs étrangers.

Le trafic aérien est actuellement sérieusement perturbé par la présence dans le ciel australien du nuage de cendres provenant du volcan chilien Puyehue.

Après avoir entraîné l'annulation de dizaines de vols la semaine dernière, le nuage a continué son tour de la Terre et était de retour en début de semaine, provoquant de nouvelles perturbations.

Aucun vol n'a décollé ou atterri de Sydney, le plus grand aéroport du pays, pendant 24 heures. Les vols étaient déroutés vers Brisbane, occasionnant des frais importants pour les compagnies.

«Cela va avoir un gros impact et pas seulement sur les compagnies aériennes», déclare à l'AFP Neil Hansford, qui dirige le cabinet Strategic Aviation Solutions, spécialisé dans le transport aérien.

Soulignant que 80% des coûts des transporteurs sont fixes, il estime que le secteur pourrait perdre jusqu'à 30 millions de dollars australiens (22 millions d'euros) par jour.

Ces annulations, qui surviennent en pleine semaine, ont aussi un impact sur le chiffre d'affaires des taxis, hôtels et restaurants, a-t-il ajouté.

Qantas, la compagnie australienne historique, a indiqué mercredi que le nuage de cendres amputerait ses bénéfices de 21 millions AUD.

Au total, c'est 206 millions AUD que le groupe a perdu cette année à cause des inondations en Australie fin 2010-début 2011, des cyclones de début d'année et des tremblements de terre en Nouvelle-Zélande (septembre 2010, février 2011) et au Japon (mars 2011), deux gros marchés pour Qantas.

Pour le directeur général de la Fédération australienne du tourisme, John Lee, 2011 s'annonce comme une année horrible pour les secteurs tourisme et des transports, dont la confiance est à chaque fois un peu plus entamée par une nouvelle catastrophe.

«Il y a d'abord eu les inondations. Puis le cyclone Yasi. La Nouvelle-Zélande, d'où viennent le plus grand nombre de nos touristes, subit un tremblement de terre à Christchurch. Puis c'est le tsunami au Japon» d'où viennent également beaucoup de touristes, égrène le directeur général.

«On a l'impression que pour le moment, le secteur du tourisme subit choc après choc», ajoute-t-il.

Enfin, depuis plusieurs mois, le dollar australien (le «Aussie») grimpe, en raison du boum de l'économie australienne, dopée par le dynamisme des matières premières et notamment du secteur minier.

Le Aussie a atteint en octobre 2010 la parité avec le billet vert, pour la première fois depuis que les autorités australiennes ont décidé de laisser flotter la devise en décembre 1983.

Il s'échange actuellement à 1,06 USD. Cette poussée de la devise rend le pays plus cher pour les touristes étrangers et encourage les Australiens à aller en vacances ailleurs.

Sur les douze derniers mois, le nombre de personnes décidant de partir en vacances hors de l'Australie était supérieur de 1,4 million à celui des touristes étrangers venus dans le pays, selon les statistiques.

Les visiteurs étrangers dépensent par ailleurs quelque 20% de moins qu'il y a deux ans, selon John Lee, qui rappelle que les économies de Grande-Bretagne et des États-Unis --d'où sont originaires beaucoup de touristes-- n'ont toujours pas retrouvé leur dynamisme.