Et de deux. Après les États-Unis, la Grande-Bretagne a offert hier son soutien à Ban Ki-moon, candidat depuis lundi à sa propre succession au Secrétariat général des Nations unies. Son mandat prend fin le 31 décembre et il n'a, pour l'instant, aucun adversaire.

Ancien ministre des Affaires étrangères de la Corée du Sud, Ban Ki-moon a créé la surprise en accédant au plus prestigieux poste de la diplomatie mondiale. Moqué pour son manque de charisme, il a su convaincre les sceptiques et imposer son style au cours de son mandat.

Il s'est démarqué, notamment au fil des crises, grâce à des prises de position audacieuses ou courageuses. Ainsi, le secrétaire général a été l'un des premiers leaders dans le monde à soutenir le printemps arabe, en réclamant la démission d'Hosni Moubarak. Il a soutenu la Cour internationale de justice.

«Quand on y pense, c'est soit extrêmement naïf, soit extrêmement courageux, parce que John Bolton (ambassadeur des États-Unis à l'ONU) a consacré toute son énergie contre cette idée», s'amuse Ian Williams, auteur du livre UN For Beginners. Le manque de charisme de Ban Ki-moon est sa marque de commerce, mais aussi la clé de son succès, croit ce spécialiste des Nations unies.

Bilan salué

Ban Ki-moon s'est illustré dans certains dossiers difficiles. Récemment, l'ONU a demandé aux autorités du Sri Lanka d'enquêter sur l'exécution apparente de plusieurs hommes par des soldats du gouvernement.

Le secrétaire général a aussi laissé sa marque au Moyen-Orient, en demandant au premier ministre israélien de donner une chance à l'unité palestinienne après l'accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas.

«Sa technique, c'est de soutenir, de façon très ferme les principes de base des Nations unies», estime Ian Williams.

Lors de son deuxième mandat, de nombreux défis attendent Ban Ki-moon, croit Louise Fréchette, qui a été ambassadrice du Canada à l'ONU et vice-secrétaire générale des Nations unies sous Kofi Annan entre 1998 et 2006. Face à la crise financière, les États contributeurs seront tentés de réduire leurs contributions.

«Trouver l'ensemble de mesures qui recueillent l'accord des États-membres, peut être compliqué», explique Mme Fréchette, experte associée au Centre for International Governance Innovation (CIG) à Waterloo, en Ontario. À l'âge vénérable de 65 ans, les Nations unies doivent aussi se moderniser, croit M. Williams.

Ban Ki-moon a réussi à s'imposer et à s'affranchir de l'ombre de ses prédécesseurs plus médiatiques. «Il a eu des débuts difficiles, parce qu'il a une personnalité moins éclatante que certains de ses prédécesseurs. Il a fallu un certain temps à Ban Ki-moon pour trouver sa façon à lui d'être secrétaire général. Il ne fonde pas sa crédibilité sur le charisme, mais sur le fait qu'il travaille très fort. Au cours de la dernière année, il s'est démarqué en prenant des décisions courageuses notamment sur les droits de l'homme», conclut Louise Fréchette.