Au moins 18 insurgés islamistes ont été tués lundi par les missiles de trois drones américains dans le nord-ouest du Pakistan, où les avions sans pilote de la CIA visent ainsi régulièrement Al-Qaïda et les talibans, ont indiqué des militaires.

Ces trois nouvelles frappes surviennent un peu plus de deux jours après qu'un drone américain eut probablement tué dans la même région le Pakistanais Ilyas Kashmiri, l'un des principaux chefs militaires d'Al-Qaïda, même si les autorités ne peuvent pour l'heure confirmer sa mort, en l'absence de cadavre.

Les drones de la CIA attaquent quasi quotidiennement dans ces zones tribales frontalières avec l'Afghanistan, bastion des talibans pakistanais, principal sanctuaire dans le monde d'Al-Qaïda et base arrière des talibans afghans.

Ces frappes ne se sont pas taries depuis qu'un commando américain héliporté clandestinement a tué Oussama ben Laden dans le nord du Pakistan le 2 mai dernier.

Lundi matin, un premier drone a tiré deux missiles sur des habitations toutes proches d'une madrasa, une école religieuse, dans la zone de Shalam Raghzaï du district tribal du Waziristan du Sud, bastion des talibans, a indiqué à l'AFP un haut responsable militaire sous couvert de l'anonymat. C'est dans ce même district que le drone qui visait Kashmiri a tiré ses missiles vendredi soir..

Sept insurgés ont péri.

Quinze minutes plus tard, un autre appareil américain a tiré deux missiles sur un bâtiment dans la zone de Wacha Dana, à environ 2 km de la première attaque, tuant «au moins huit insurgés», selon le responsable militaire.

Plusieurs heures après, un nouveau drone a tiré deux missiles sur un véhicule, tuant «trois insurgés», selon les mêmes sources militaires, cette fois à Dray Nishtar, à une trentaine de km des deux précédentes attaques.

Le terme «insurgé» désigne, dans la terminologie des militaires pakistanais, des rebelles islamistes, qu'ils soient talibans pakistanais, afghans, ou combattants étrangers d'Al-Qaïda.

Les deux attaques et les bilans ont été confirmés par l'AFP par d'autres hauts responsables des forces de sécurité.

Lancée en 2004, la campagne de tirs de missiles des drones de la CIA dans le nord-ouest du Pakistan s'est considérablement accélérée depuis fin 2008.

Les talibans pakistanais ont fait allégeance à Al-Qaïda en 2007 et lancé, la même année et au diapason de ben Laden en personne, leur djihad contre Islamabad pour son soutien à la «guerre contre le terrorisme» de Washington depuis fin 2001.

Les États-Unis considèrent ces zones comme «l'endroit le plus dangereux du monde», où Al-Qaïda et ses alliés préparent des attentats dans les pays occidentaux et y entraînent leurs kamikazes. Du 11 septembre 2001 à New York et Washington, à Times Square à New York en 2010, en passant par Madrid (2004) et Londres (2005), les attentats ou tentatives ont tous trouvé leurs origines dans ces camps d'entraînement du nord-ouest pakistanais.

Les services de renseignements occidentaux sont convaincus que les projets d'attentats mis au jour en octobre dernier, notamment en Allemagne, France, Grande-Bretagne et aux États-Unis, ont été préparés sous la houlette d'Ilyas Kashmiri dans les zones tribales.

Mais les talibans et leurs alliés sont aussi les principaux responsables d'une vague de près de 500 attentats qui ont tué plus de 4400 personnes dans tout le Pakistan ces quatre dernières années.

Dimanche, deux de ces attentats ont encore tué 24 personnes.

Si la mort de Mohammad Ilyas Kashmiri, 47 ans, est confirmée, il s'agirait du principal revers infligé à Al-Qaïda depuis la mort de ben Laden.

Les experts occidentaux de la lutte antiterroriste sont unanimes pour dire que Kashmiri, chef du groupe armé pakistanais interdit Harakat-ul-Jihad al-Islam (HuJI), est l'un des principaux commandants opérationnels d'Al-Qaïda, chargé notamment de la coordination des attaques au Pakistan et à l'étranger.