Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il est rentré vendredi en Corée du Nord à l'issue d'une visite en Chine, son plus proche allié, qui aura abouti, selon les analystes, à peu d'engagements fermes sur la plan économique ou de la dénucléarisation.

Le train spécial blindé du numéro un nord-coréen a franchi la frontière à Sinuiju, vendredi vers 06h30 locales (18h30 GMT jeudi), a indiqué Yonhap.

Arrivé en Chine vendredi dernier pour sa troisième visite en un peu plus d'un an, Kim Jong-Il s'est d'abord rendu dans le nord-est du pays avant d'aller notamment à Yangzhou et Nankin (Est), sa visite étant entourée, comme à chaque fois, de la plus grande discrétion.

Il s'est ensuite rendu à Pékin où il a rencontré le président Hu Jintao. Alors que la Chine presse son voisin de revenir à la table des négociations pour apaiser les tensions avec le Sud, Kim Jong-Il s'est dit en faveur d'une dénucléarisation de la péninsule coréenne, a rapporté jeudi la presse d'État chinoise.

«Nous espérons un apaisement de la situation dans la péninsule coréenne, sommes en faveur de l'objectif d'une dénucléarisation de la péninsule coréenne et appelons à une reprise rapide des négociations à Six», a déclaré M. Kim, selon des propos rapportés par la télévision d'État chinoise CCTV.

L'agence officielle nord-coréenne KCNA a pour la première fois confirmé jeudi la visite en Chine du leader du régime stalinien. Selon KCNA, MM. Kim et Hu ont convenu que la dénucléarisation «sur toute la péninsule coréenne» était dans l'intérêt régional.

La dénucléarisation devrait se faire par la voie du dialogue, y compris dans le cadre des négociations à six, et «l'élimination des éléments faisant obstruction», toujours selon KCNA.

Le régime de Pyongyang s'est déjà dit prêt à reprendre les discussions sur son programme nucléaire et à suspendre ses essais atomiques.

Mais Séoul comme Washington demandent à Pyongyang de montrer son sérieux en matière de désarmement.

Selon Kim Yong-Hyun, chercheur à l'Université Dongguk de Séoul, la Corée du Nord ne semble pas prête à renoncer à ses armes nucléaires. «Étant donné sa situation économique, il est également difficile pour la Corée du Nord d'accepter l'appel chinois à des réformes et à l'ouverture», a-t-il ajouté.

Le premier ministre chinois Wen Jiabao a indiqué que Kim Jong-Il avait été invité en Chine pour étudier le rapide développement économique d'un pays devenu cette année la deuxième puissance économique mondiale.

Malgré une économie exsangue, le régime de Pyongyang a été cependant jusqu'ici réticent à s'engager sur la voie des réformes de peur de voir son emprise sur le peuple s'effriter.

Selon un responsable sud-coréen, s'exprimant sous couvert d'anonymat, cette visite visait à obtenir le soutien de Pékin concernant la succession héréditaire à la tête du régime nord-coréen.

Kim Jong-Il, à la santé apparemment fragile, a accéléré le processus de succession en faveur de son plus jeune fils Kim Jong-Un.

À seulement 27 ans, ce dernier a accédé en septembre à de hautes fonctions devenant membre du comité central du parti unique au pouvoir et vice-président de sa commission militaire centrale.

La Corée du Sud a de son côté accueilli avec beaucoup de prudence les déclarations de M. Kim.

«Nous n'accordons aucune attention particulière à ce qu'a dit Kim Jong-Il», a indiqué le ministre des Affaires étrangères Kim Sung-Hwan, ajoutant que Séoul attendait une réponse à sa proposition de discussions intercoréennes sur le nucléaire.