Deux attaques séparées dans le nord-ouest du Pakistan ont détruit samedi douze camions d'approvisionnement de l'Otan en route vers l'Afghanistan et causé un incendie qui a tué au moins 15 civils qui collectaient de l'essence qui fuyait, selon des responsables pakistanais.

Dans la ville de Landi Kotal, dans la province tribale de Khyber, à la frontière avec l'Aghanistan, des habitants se sont rassemblés samedi matin autour d'un camion-citerne de l'Otan pour récupérer l'essence qui s'échappait après l'explosion d'une bombe.

«Le camion-citerne a pris feu après une explosion provoquée par une petite bombe», a indiqué Shafeerullah Wazir, responsable de l'administration locale. «Les villageois des maisons voisines se sont précipités pour collecter l'essence s'échappant du camion endommagé après que le feu eut été maîtrisé».

«Soudain, l'incendie a repris et au moins 15 personnes, dont cinq jeunes garçons, qui recueillaient l'essence dans des seaux, ont été mortellement brûlés», a-t-il dit.

Toutes les victimes sont des civils, principalement des jeunes, dont neuf de la même famille, selon des responsables locaux.

Vers minuit, onze autres camions de l'Otan, «la plupart des camions-citerne», ont été détruits près de la ville voisine de Torkham, a indiqué à l'AFP un autre responsable local, Iqbal Khattak.

Les véhicules ont pris feu après, semble-t-il, l'explosion d'une bombe placée sous l'un d'eux, sans faire de victime, a-t-il ajouté.

Les attaques n'ont pas été revendiquées.

Mais les poids lourds de ravitaillement et les camions citernes de l'Otan sont souvent la cible d'attentats imputés aux talibans et à d'autres groupes de militants visant à couper l'approvisionnement des 130 000 militaires conduits par les États-Unis qui se battent en Afghanistan.

La plus grande partie des approvisionnements et des équipements destinés aux militaires de l'Otan en Afghanistan sont acheminés à travers le Pakistan même si les Etats-Unis essaient de négocier des voies de transport alternatives à travers l'Asie centrale.

Les talibans pakistanais, insurgés islamistes qui ont fait allégeance à Al-Qaïda en 2007 et mènent, depuis, une campagne d'attentats très meurtrière au Pakistan, ont promis de venger la mort d'Oussama Ben Laden, tué le 2 mai dans le nord du pays par un commando américain héliporté.

Ils ont déjà revendiqué depuis deux attentats, dont l'un vendredi contre des véhicules du consulat américain à Peshawar, dans le nord-ouest du pays, qui a blessé légèrement deux Américains et tué un passant.

Une semaine plus tôt, un double attentat suicide devant un centre d'entraînement de la police à Shabqadar, également dans le nord-ouest, avait fait 98 morts et plus de 140 blessés.

Et les talibans pakistanais ont promis d'intensifier leurs attaques.

Samedi en fin de journée, des centaines de personnes se sont d'autre part rassemblées devant le port de Karachi, dans le sud du pays, pour bloquer les camions d'approvionnement de l'Otan en signe de protestation contre les attaques de drones américains dans les zones tribales du nord-ouest, à l'appel de l'ancienne star du cricket Imran Khan, qui dirige un parti d'opposition.

Les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, que Washington considère comme «la région la plus dangereuse du monde», sont le bastion des talibans pakistanais et le principal sanctuaire dans le monde d'Al-Qaïda.

C'est aussi la base arrière des talibans afghans, notamment le réseau Haqqani, bête noire des soldats américains qui composent les deux tiers des forces internationales en Afghanistan.