Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il est arrivé vendredi en Chine, selon les médias sud-coréens, pour une visite probablement destinée à obtenir une aide économique pour son pays en difficulté alors qu'une incertitude demeurait sur la présence à ses côtés de son fils et successeur probable.

Selon l'agence sud-coréenne Yonhap, citant des sources gouvernementales sud-coréennes, Kim Jong-il est descendu dans un hôtel de la ville de Mudanjiang (nord-est). Une information également donnée par les chaînes de télévision YTN et MBC.

Un peu plus tôt, les médias sud-coréens n'avaient fait état que d'une visite du plus jeune fils du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, indiquant qu'il était arrivé à bord d'un train spécial dans la ville chinoise frontalière de Tumen (nord-est).

«Il n'y a pas de certitude sur le fait que Kim Jong-un a accompagné ou non son père», a indiqué un responsable sud-coréen, cité par Yonhap.

Selon une autre source, le nom de Kim Jong-un ne figurait pas sur une liste officielle de 70 personnes accompagnant le leader nord-coréen.

Séoul, tout comme le ministère chinois des Affaires étrangères, n'ont apporté aucun commentaire.

Si cette visite est confirmée, il s'agirait de la troisième en un peu plus d'un an du dirigeant nord-coréen chez son plus proche allié et principal pourvoyeur d'aide économique.

Lors de sa dernière visite en août, Kim avait rencontré le président chinois Hu Jintao dans la ville de Changchun. Ce dernier l'avait exhorté à ouvrir l'économie, entièrement soumise à l'État, et à s'inspirer des réformes chinoises.

Mais le régime de Pyongyang, seule dynastie communiste au monde, est réticent à s'engager sur la voie des réformes de peur de voir son emprise sur le peuple s'effriter, malgré les pénuries chroniques dont souffre le pays.

Pour Kim Yong-Hyun, chercheur à l'Université Dongguk de Séoul, cette visite reflète la volonté de Kim de renforcer encore les liens économiques avec Pékin.

«La Corée du Nord a besoin de l'aide de la Chine alors qu'elle s'efforce de développer ses zones frontalières, comme la zone franche de Rason», a-t-il estimé. «Son précédent déplacement semble ne pas avoir été si bénéfique. Cette fois, son message à la Chine est de dire qu'elle doit accélérer sa coopération économique avec le Nord», a-t-il ajouté.

L'influence économique chinoise sur son voisin nord-coréen dont l'économie est aux abois a augmenté alors que la Corée du Sud et les nations occidentales ont interrompu leur aide face à la menace nucléaire nord-coréenne et au refus de Pyongyang de discuter de sa dénucléarisation.

Les échanges commerciaux entre la Corée du Nord et la Chine ont augmenté de 32% l'an passé, pour atteindre 2,4 milliards d'euros (3,3 milliards de dollars).

«Cette visite en Chine, principal soutien de la Corée du Nord, contribuera à stabiliser le Nord et à raffermir le processus de succession entre le père et le fils», a estimé de son côté Yang Moo-Jin, professeur à l'Université des études nord-coréennes à Séoul.

«Cela sera également utile pour la Chine en lui permettant de renforcer son influence grandissante sur la Corée du Nord, notamment en termes de coopération économique», a-t-il ajouté.

La présence de Kim Jong-il, 69 ans, à la santé apparemment chancelante, vise également à montrer qu'il tient encore fermement les rênes du pouvoir, selon le professeur Kim Yong-Hyun.

Victime d'une attaque en août 2008, il a accéléré depuis lors le processus de succession en faveur de son fils Kim Jong-un.

À seulement 27 ans, le plus jeune fils de Kim Jong-il a accédé en septembre à de hautes fonctions devenant membre du Comité central du parti unique au pouvoir et vice-président de sa Commission militaire centrale.

«Je pense que Kim veut faire taire les spéculations sur son état de santé en effectuant cette visite», a ajouté M. Yang.

Kim Jong-il avait accédé au pouvoir après la mort en 1994 de son père et fondateur du régime, Kim Il-sung.