Deux soldats ont été blessés mardi dans le nord-ouest du Pakistan dans des échanges de tirs avec des hélicoptères de l'OTAN venus d'Afghanistan, selon l'armée pakistanaise qui a «vigoureusement protesté» contre ce qu'elle qualifie de «violation» de son espace aérien.

À Kaboul, un officier occidental a assuré, sous couvert de l'anonymat, que les hélicoptères, qui opéraient en Afghanistan, avaient riposté après avoir été la cible de tirs en provenance du Pakistan.

Les militaires à Islamabad dénoncent fréquemment des incursions des forces internationales dans les zones tribales frontalières, bastion des talibans pakistanais, principal sanctuaire dans le monde d'Al-Qaïda et base arrière des talibans afghans.

L'incident s'est produit à l'aube dans le district tribal frontalier du Waziristan du Nord.

«Deux hélicoptères ont violé l'espace aérien pakistanais (...) et nos troupes à un poste militaire ont ouvert le feu sur eux. Dans un échange de tirs, deux de nos soldats ont été blessés», assure l'armée pakistanaise dans un communiqué.

«L'armée pakistanaise a vigoureusement protesté» auprès de la force de l'OTAN en Afghanistan (ISAF), conclut le texte.

Un peu plus tôt, sans faire mention de tirs pakistanais, des responsables militaires avaient assuré, sous couvert de l'anonymat, que «deux hélicoptères de l'OTAN avaient violé l'espace aérien et bombardé un poste de l'armée, blessant deux soldats dans la zone de Wacha Bibi».

À Kaboul, la force internationale de l'OTAN (ISAF) «a entendu parler d'un incident possible» à cet endroit de la frontière. «Nous faisons des recherches», a déclaré à l'AFP le lieutenant-colonel John L. Dorrian, du département des relations publiques de la force, composée par des soldats américains pour plus des deux tiers.

De son côté, un responsable militaire occidental à Kaboul a assuré que les deux appareils de l'OTAN qui opéraient du côté afghan avaient riposté à des tirs en provenance du Pakistan.

«Deux hélicoptères volaient dans la zone en couverture d'une base avancée» des forces internationales «qui était prise sous le feu de tirs provenant du côté pakistanais», a-t-il expliqué à l'AFP, sous couvert de l'anonymat.

«L'un des appareils a essuyé aussi des tirs en provenance de l'autre côté de la frontière, mais n'a pas riposté dans l'immédiat. Il l'a fait quand il a été de nouveau la cible de tirs», a ajouté cette source.

Ce nouvel incident intervient alors que les relations entre les États-Unis et le Pakistan, leur allié-clé dans la «guerre au terrorisme», se sont détériorées après qu'un commando des forces spéciales américaines, héliporté depuis l'Afghanistan, eut éliminé Oussama ben Laden dans une villa d'Abbottabad, ville-garnison à deux heures de route au nord d'Islamabad.

Le Waziristan du Nord est le bastion des talibans pakistanais alliés d'Al-Qaïda et la principale base arrière des talibans du réseau Haqqani, la bête noire des troupes américaines et du gouvernement afghan.

Les militaires pakistanais accusent assez souvent l'OTAN de violer son espace, ou de bombarder à partir de l'Afghanistan, notamment quand ses troupes poursuivent des talibans qui les ont attaquées. Il est arrivé par le passé que ces tirs, intentionnellement ou non, atteignent des positions de l'armée pakistanaise.