Le premier ministre pakistanais Yousuf Raza Gilani a estimé jeudi que les attaques de drones américains menées dans son pays et visant Al-Qaïda et les talibans devraient être, pour plus d'efficacité, placées sous la supervision d'Islamabad.

«Personne ne peut remporter une guerre sans le soutien de sa population», a-t-il dit dans un entretien au magazine Time. «Je dis aux gens qu'il s'agit de ma guerre, mais lorsqu'il y a une attaque de drones, ils me demandent: «Alors, de qui est cette guerre?»».

«Une stratégie comprenant l'utilisation de drones peut fonctionner», a assuré le premier ministre. «Si les attaques de drones sont efficaces, alors nous devrions élaborer une stratégie commune afin de convaincre l'opinion publique. Notre position est que cette technologie devrait nous revenir».

La CIA pourrait poursuivre les attaques menées au Pakistan par ces avions sans pilote, mais «sous notre supervision», a ainsi suggéré M. Gilani.

Entamée en 2004, la campagne des drones de la CIA s'est nettement intensifiée depuis l'été 2008 et les salves sont devenues ces derniers mois quasi quotidiennes. En 2010, une centaine de tirs ont fait plus de 670 morts, selon les responsables militaires, dont un nombre indéterminé de civils.

Cinq «insurgés islamistes» ont été tués jeudi par les missiles d'un drone américain dans le nord-ouest du Pakistan, ont indiqué des responsables militaires pakistanais.

Il s'agit de la troisième attaque de ce type depuis qu'un commando des forces spéciales américaines a tué Oussama ben Laden le 2 mai au Pakistan et alors que les relations entre les États-Unis et le Pakistan s'enveniment.

Islamabad proteste régulièrement face aux tirs de drones américains dans les zones tribales pakistanaises du Nord-Ouest, bastion d'Al-Qaïda et des talibans pakistanais et base arrière des talibans afghans.

Le Pakistan, officiellement allié des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme, réclame depuis longtemps à Washington la fourniture de drones.