L'opérateur de la centrale nucléaire de Hamaoka a débuté vendredi l'arrêt d'un réacteur de cette installation située dans une région à forte activité sismique du centre du Japon, après une demande en ce sens du gouvernement, a annoncé un responsable sur place.

La compagnie électrique Chubu Electric Power a commencé à suspendre le fonctionnement du réacteur numéro 4, l'un des deux réacteurs actuellement exploités avec le 5. Le réacteur 3 est déjà arrêté pour vérifications, alors que les unités 1 et 2 de cette centrale à cinq réacteurs ont été définitivement stoppées en 2009.

«Nous prévoyons de cesser la production d'électricité dans la matinée» pour le réacteur 4, a expliqué Kazuhide Enoo, un responsable de la centrale.

«Jusqu'à présent, les procédures se déroulent sans problème», a-t-il déclaré, ajoutant que ce réacteur devrait atteindre la situation d'arrêt à froid «dans une journée au plus tôt».

L'arrêt du réacteur 5 devrait commencer samedi.

Deux mois après l'accident nucléaire de Fukushima (nord-est) consécutif à un séisme de magnitude 9 et à un tsunami géant, le premier ministre japonais, Naoto Kan, a demandé à Chubu Electric Power de suspendre le fonctionnement de la centrale de Hamaoka au nom de la sécurité des populations environnantes.

M. Kan a souligné que, selon des sismologues, il existait 87% de chances qu'un tremblement de terre de magnitude 8 frappe au cours des 30 années à venir la région de cette centrale, distante d'une centaine de kilomètres de la zone industrielle de Nagoya et de 200 km de Tokyo.

M. Kan avait ajouté qu'un accident grave sur ce site pourrait avoir un «énorme impact sur la société japonaise dans son ensemble».

La centrale est située à proximité d'axes de transport stratégiques entre les deux poumons économiques de l'archipel, la mégapole de Tokyo (centre-est) et le Kansai (centre ouest), où se trouvent les métropoles d'Osaka et Kobe.

Officiellement, l'arrêt des réacteurs 3, 4 et 5 n'est pas définitif. Durant leur suspension d'au moins deux ans, la compagnie fera une série d'investissements, notamment pour construire une digue et améliorer les moyens de sécurité afin de se prémunir contre un tsunami.

Comme les autres centrales nucléaires nippones, Hamaoka est en bord de mer, du côté de l'océan Pacifique.

Cette centrale, la seule de Chubu Electric, représente environ 15% de la capacité totale de production de l'opérateur qui alimente le centre du Japon. La compagnie prévoit d'augmenter l'activité de ses centrales thermiques, via des importations supplémentaires d'hydrocarbure, afin d'être capable d'affronter le pic de consommation estival.

Le gouvernement a promis de l'aider à compenser l'arrêt des réacteurs.

Le Japon, troisième puissance économique mondiale, produit entre 25% et 30% de son électricité via 54 réacteurs nucléaires.

Selon les projets antérieurs à l'accident de Fukushima, les autorités nippones envisageaient de construire une quinzaine de réacteurs supplémentaires d'ici à 2030 pour élever la part du nucléaire à 50% de l'électricité consommée.

À l'aune de cet accident nucléaire, M. Kan a toutefois estimé que le Japon devait repenser sa politique énergétique de fond en comble, utiliser davantage les énergies renouvelables et promouvoir un usage plus modéré de l'électricité.

Le Japon subit chaque année plus de 20% des tremblements de terre les plus violents recensés sur la planète.