L'Inde a estimé lundi que la mort d'Oussama Ben Laden au Pakistan montrait à quel point son voisin d'Asie du sud était un «sanctuaire» pour les terroristes, appelant une nouvelle fois Islamabad à arrêter les cerveaux présumés des sanglants attentats de Bombay en 2008.

Depuis ces attentats qui firent 166 morts et furent attribués par New Delhi au groupe extrémiste Lashkar-e-Taïba (LeT) installé au Pakistan, l'Inde presse Islamabad de lutter contre les groupes perpétrant des attaques sur son territoire et de faire condamner les cerveaux présumés des attentats.

Le ministre indien de l'Intérieur, P. Chidambaram, a noté lundi avec une «grande inquiétude» le fait que le chef d'Al-Qaïda ait été tué «très profondément à l'intérieur du Pakistan», a-t-il souligné dans un communiqué.

«Ce fait souligne notre préoccupation selon laquelle des terroristes appartenant à différentes organisations trouvent un sanctuaire au Pakistan», a ajouté le ministre.

Le président américain Barack Obama a annoncé qu'Oussama Ben Laden avait été tué aux premières heures de lundi à environ 80 kilomètres au nord d'Islamabad lors d'une opération commando américaine, mettant fin à la longue traque de l'instigateur des attentats du 11 septembre 2001.

«Nous pensons que les auteurs des attentats de Bombay, y compris les organisateurs et conseillers des terroristes qui ont lancé les attentats, continuent de trouver refuge au Pakistan», a poursuivi le ministre, renouvelant son appel à Islamabad pour arrêter les «personnes dont les noms ont été transmis au ministre pakistanais de l'Intérieur (...)».

Du 26 au 29 novembre 2008, un commando de dix hommes lourdement armés avait semé la mort dans des hôtels de luxe, un restaurant touristique, la principale gare et un centre juif de Bombay, faisant 166 morts et plus de 300 blessés.

Neuf islamistes du commando furent abattus par les forces de sécurité indiennes et le seul survivant, Mohammed Ajmal Kasab, a été condamné à la peine de mort par un tribunal spécial de Bombay.

Le Pakistan a de son côté poursuivi sept personnes en justice mais aucune n'a jusqu'à présent été reconnue coupable.

Selon le ministre indien des Affaires étrangères, S.M. Krishna, la mort de Ben Laden marque «un développement historique et une étape victorieuse dans la guerre mondiale contre les forces du terrorisme».

Mais il a également estimé que «le monde ne doit pas diminuer ses efforts unis pour vaincre le terrorisme et éliminer les refuges et sanctuaires qui ont été fournis aux terroristes dans notre propre voisinage», une référence claire au Pakistan.

«La lutte doit continuer avec la même force», a-t-il ajouté.

Après les attentats de Bombay, les relations entre l'Inde et le Pakistan, deux pays rivaux d'Asie du sud qui se sont opposés lors de trois guerres depuis leur indépendance concomitante en 1947, s'étaient brutalement tendues. Le processus de paix, entamé en 2004, avait été interrompu.

Sous la pression de la communauté internationale, et notamment des Etats-Unis, les deux pays qui disposent de l'arme nucléaire, ont récemment convenu de reprendre leur dialogue officiel. Une rencontre au niveau des ministres des Affaires étrangères est prévue en juillet à New Delhi.

En mars dernier, les deux pays ont en outre décidé de mettre en place un «téléphone rouge» pour partager des informations sur les «menaces terroristes».