Joignant sa voix à celles des musées Guggenheim, du Musée d'art moderne de New York (MOMA) et de la galerie Tate Modern de Londres, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) demande à la Chine de libérer l'artiste Ai Weiwei, emprisonné en Chine depuis le 3 avril.

Cette intervention en faveur de l'artiste survient alors que le MBAM présente une importante exposition archéologique sur le premier empereur chinois et son armée de terre cuite. Pour la tenue de cette exposition, la Chine a permis le prêt temporaire de plusieurs objets jugés « trésors nationaux ». Dans une exposition simultanée d'artistes chinois contemporains, le musée de la rue Sherbrooke expose aussi une toile de l'artiste emprisonné.

C'est plus tôt cette semaine que la directrice du musée montréalais, Nathalie Bondil, a signé une pétition, lancée par la fondation Solomon R. Guggenheim et demandant la libération de l'artiste. « La détention d'artistes et de militants ne va pas seulement à l'encontre des engagements de la Chine en matière de droits fondamentaux (...), cela va aussi à l'encontre de la promesse du gouvernement chinois de promouvoir toutes les disciplines artistiques et l'avancement des idées artistiques », peut-on lire dans la lettre, adressée au ministère de la Culture chinois. Appuyée par une vingtaine de musées prestigieux, la pétition a aussi été signée par plus de 70 000 personnes.

« Crimes économiques »

L'artiste chinois a été arrêté au début du mois à l'aéroport de Pékin alors qu'il se préparait à se rendre à Hong-Kong. Depuis, il n'a pas donné signe de vie. La Chine refuse de dévoiler le lieu de détention de l'artiste et affirme que ce dernier n'est pas en détention pour ses opinions ou son travail artistique, mais parce qu'il est soupçonné d'avoir commis des « crimes économiques ».

« En tant qu'organisations qui représentent les arts modernes et contemporains autour du monde, (l'arrestation de Ai Weiwei) et l'obscurité qui l'entoure sont diamétralement opposées à nos valeurs », peut-on aussi lire dans le texte de la pétition.

En adressant leurs remontrances au gouvernement chinois, les musées emboîtent le pas aux autorités américaines et européennes, qui ont aussi demandé la libération de l'artiste connu mondialement. On doit notamment à Ai Weiwei la conception du «  nid d'oiseau  », le stade qui a fait la fierté de la Chine lors des Jeux olympiques de Pékin.

M. Weiwei s'est aussi fait connaître pour ses opinions très critiques des politiques du gouvernement chinois. L'oeuvre qu'expose actuellement le MBAM en est un exemple. Intitulée Sept cadres, cette oeuvre présente des photos d'un soldat de la place Tianan men, coupé en sept segments.

À ce jour, la Chine a rejeté d'un revers de main toutes les demandes de libération de M. Weiwei.

Hier, La Presse a tenté de joindre Mme Bondil, mais cette dernière n'a pas voulu faire de commentaires.