Inquiet des insurrections dans les pays arabes et de la caisse de résonance qu'offre l'internet, Pékin a lancé la répression la plus dure des dernières années contre les dissidents, anéantissant les timides avancées en faveur des libertés, selon les groupes de défense des droits de l'homme.

Au moins 26 militants ont été placés en détention depuis le début des mouvements de révolte en Afrique du Nord et au Proche-Orient, qui ont fait naître en Chine des appels sur l'internet à des rassemblements, ont indiqué plusieurs organisations.

Plus de 30 autres ont été assignés à résidence ou placés en garde à vue, sans avoir été inculpés, notamment des avocats et des blogueurs connus, jusqu'alors tolérés, selon Défenseurs des droits de l'homme en Chine (CHRD - Hong-Kong).

«La situation des défenseurs des droits de l'homme et des critiques du gouvernement est sombre, et une grande partie des avancées réalisées par une génération de militants courageux a été anéantie en très peu de temps», déclare Nicholas Bequelin, de Human Rights Watch (HRW).

La répression marque une intensification de la politique de la «main de fer» adoptée depuis les Jeux olympiques de Pékin en 2008, ajoute-t-il. La Chine avait obtenu les JO en promettant une amélioration de la situation.

Prix Nobel

Le tour de vis constaté, déjà amorcé depuis que l'intellectuel Liu Xiaobo a obtenu le prix Nobel de la paix en octobre, a réduit au silence quasiment tous les opposants vivant en Chine.

Cette semaine, la police du sud-ouest du pays a inculpé Ran Yunfei, Ding Mao et Chen Wei, des vétérans, pour «subversion», selon les groupes de défense. Un motif souvent utilisé pour bâillonner les critiques du gouvernement - Liu avait été condamné sous ce chef d'inculpation en décembre 2009.

«Personne ne sait quand cela va finir et tous ignorent quel sera le prochain», déclare Wang Songlian, de CHRD. «C'est la répression la plus dure des 15 dernières années. Chaque jour, quelqu'un disparaît, est amené, détenu ou inculpé.»

Parmi ceux détenus sans inculpation depuis mi-février figurent Teng Biao, Jiang Tianyong et Tang Jitian, des avocats qui s'appuyaient sur la loi chinoise pour lutter contre les abus de pouvoir.

Interrogée hier sur cette vague de répression, Jiang Yu, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a assuré que la Chine respectait la liberté d'expression, tout en ajoutant que ses citoyens ne devaient «pas nuire à l'intérêt public».