Les villageois de l'Est de la Birmanie commençaient samedi à déblayer les décombres après un séisme qui a fait au moins 75 morts, sortant peu à peu de l'isolement avec l'arrivée des secours et de matériels de première urgence.

Des lignes téléphoniques ont été coupées. Et selon les rares images disponibles jusqu'à présent, certaines voies ont été complètement éventrées, les habitants tentant de colmater les brèches avec des ponts de fortune en sacs de sable.

Six communes dans lesquelles vivaient plus de 15 000 personnes ont été particulièrement touchées, avec des bâtiments publics et religieux abattus, des maisons en bois réduites à des amoncellements de débris et des habitants choqués contraints de dormir dehors.

Un motocycliste à Tachilek, tout près de l'épicentre du séisme, a indiqué à l'AFP que l'atmosphère était «calme» dans la ville. «Nous avons eu peur au début mais nous essayons de faire en sorte que la situation revienne à la normale».

À Tarlay, une commune complètement détruite, Nan Myint a perdu son père, son neveu et sa belle-soeur dans le séisme alors qu'elle se trouvait à Rangoun.

«Les autorités m'ont donné 350 000 kyats (environ 400 dollars). Le village a disparu», a-t-elle ajouté. «Beaucoup de responsables sont venus nous voir mais on ne sait pas comment on va recommencer. Je ne veux plus rester ici».

La secousse de magnitude 6,8 a frappé l'État shan jeudi après la tombée de la nuit, aux confins de la Thaïlande et du Laos, une zone montagneuse relativement peu peuplée. Elle a été ressentie jusqu'à Hanoï, à l'extrémité Est de la péninsule ainsi que dans le sud de la Chine.

Bilan de 74 morts et 110 blessés

Un responsable birman à Naypyidaw a indiqué que le bilan de 74 morts et plus de 110 blessés n'avait pas évolué. Mais «il pourrait y avoir des endroits que nous ne pouvons atteindre à cause des problèmes de communication et de transport», a-t-il reconnu. «Le bilan pourrait augmenter».

Une femme a par ailleurs été tuée et 16 personnes blessées côté thaïlandais. Étrangement, ni la Thaïlande ni le Laos voisins n'ont souffert de dégâts majeurs.

La Birmanie s'était illustrée par son affligeante inefficacité en 2008, lorsque tout le delta de l'Irrawaddy, dans le sud, avait été balayé par le cyclone Nargis (138 000 morts en disparus).

La junte avait longtemps refusé l'aide étrangère, en se repliant dans un réflexe xénophobe et paranoïaque.

Mais elle n'a cette fois pas tenté de minimiser la catastrophe, a souligné Chris Herink, directeur en Birmanie de l'organisation humanitaire World Vision.

«Nos équipes n'ont subi aucune restriction de leurs mouvements», a-t-il précisé à l'AFP. «Nous sommes satisfaits du niveau de coordination jusqu'à présent (...). Le gouvernement a activement demandé notre assistance et nous a fourni des informations».

Selon un rapport des autorités traduit par l'ONG, un bataillon de l'armée est arrivé sur les lieux 02h30 après la première secousse, survenue vers 20h30 locales. Les premiers médecins sont arrivés à une heure du matin avant que les pompiers et secours n'évacuent des blessés.

Samedi, des équipes du Comité national de préparation aux désastres naturels de la capitale Tachilek sont parties pour la zone sinistrée, a indiqué le responsable birman.

Sai Thein Aung, un parlementaire shan du Parti démocratique des nationalités, a pour sa part expliqué n'avoir réussi que samedi à entrer en contact avec la zone sinistrée.

«On ne s'attendait pas à ce genre de catastrophe naturelle et nous n'avons pas beaucoup d'expérience de ce genre de choses. C'est pourquoi je suis inquiet pour mon peuple», a-t-il avoué.