Le dissident chinois Liu Xianbin a été condamné vendredi à dix ans de prison pour «subversion» après avoir publié sur internet des articles favorables à l'avènement de la démocratie en Chine, a déclaré à l'AFP sa femme, Chen Mingxian.

Cette peine s'inscrit dans le cadre d'un renforcement de la répression contre les opposants au régime communiste, depuis une série d'appels à des «rassemblements du jasmin» inspirés des soulèvements au Proche-Orient.

«Selon les autorités judiciaires, ces articles calomnient et salissent le Parti communiste chinois et incitent le peuple à renverser ses dirigeants», a expliqué Mme Chen.

Les autorités chinoises sont sur le qui-vive depuis des appels lancés sur des sites internet basés à l'étranger à des manifestations sous forme de promenades, sans slogan ni banderole, dans les principales villes du pays.

La Chine affiche une croissance économique très forte mais le mécontentement suscité par l'inflation, la corruption et le fossé entre les riches et les pauvres est comparable à celui qui a embrasé le monde arabe, de la Tunisie à Bahreïn en passant par l'Égypte et le Yémen.

Mme Chen a jugé que la peine infligée à son mari était sévère, mais elle a ajouté ne pas savoir si elle était liée aux récents appels du «jasmin».

«La situation actuelle est très tendue. Des amis ont été convoqués au tribunal et détenus», a-t-elle déclaré.

Liu Xianbin a déjà passé plus de dix ans sous les verrous pour ses activités politiques, dont deux ans et demi pour son rôle dans le mouvement de la place Tiananmen au printemps 1989, selon des organisations de défense des droits de l'Homme.

Il fut arrêté de nouveau à la fin des années 1990 pour avoir été l'un des fondateurs du Parti démocrate chinois et condamné à 13 ans de prison, mais avait été relâché en 2008 avant l'expiration de sa peine.

Liu s'était ensuite remis à publier des articles pour la démocratie et les droits de l'Homme, ou en faveur d'autres dissidents emprisonnés.

«Il avait déjà été emprisonné deux fois mais il ne montrait aucun repentir», selon Mme Chen, qui a ajouté que cela avait pu contribuer à alourdir sa sentence.

Plusieurs appels téléphoniques de l'AFP au tribunal de la ville de Suining, dans la province du Sichuan (sud-ouest), qui a condamné Liu Xianbin, sont restés sans réponse.