Un monastère tibétain du sud-ouest de la Chine demeurait jeudi bouclé par la police, après qu'un bonze s'y fut immolé par le feu, ce qui a déclenché des mouvements de protestation, ont indiqué des habitants.

«Les intersections routières vers le monastère sont bloquées par la police», a déclaré par téléphone à l'AFP l'employé d'un hôtel proche du monastère de Kirti, dans la province du Sichuan (sud-ouest).

«Les gens sont autorisés à y entrer mais les bonzes n'ont pas le droit d'en sortir. Hier, les magasins de cette rue étaient tous fermés», a-t-il ajouté, sans donner son identité.

Il a précisé avoir vu des policiers frapper un moine ainsi que deux jeunes hommes lors d'une manifestation.

Le moine est décédé mercredi après s'être immolé et avoir été battu par des policiers, a rapporté l'association Campaign for Tibet basée à New York.

Des policiers ont dans un premier temps tenté d'éteindre les flammes, mais ils ont ensuite porté des coups au moine âgé de 21 ans, ont indiqué des Tibétains en exil en contact avec des habitants de la région.

Le corps du moine, nommé Phuntsog, a été ramené au monastère de Kirti situé non loin, avant que des centaines de bonzes et des civils se réunissent pour manifester, a indiqué l'association dans un communiqué.

La police est alors intervenue, dispersant les manifestants et procédant à un nombre non précisé d'arrestations, toujours selon l'association.

Un bonze du monastère, joint jeudi par téléphone, a confirmé l'immolation, sans pouvoir donner de précisions, étant surveillé par la police. «Ce n'est pas pratique de parler maintenant. Il y des gens à mes côtés», a-t-il dit à l'AFP.

L'immolation du moine a été confirmée par l'agence officielle Chine nouvelle. Il est mort jeudi matin, plus de dix heures après s'être volontairement enflammé, a précisé l'agence en citant les autorités locales.

Selon un responsable local, non identifié par Chine nouvelle, le bonze serait mort car il n'aurait pu être soigné durant une dizaine d'heures.

«Bien que la police l'ait transporté en urgence à un hôpital proche, le responsable a indiqué que les moines du monastère de Kirti ont de force retiré Phuntsog et l'ont caché dans le monastère jusqu'à 03H00 jeudi (19H00 GMT mercredi)», a écrit l'agence officielle.

C'est la deuxième fois qu'un moine s'immole par le feu à Kirti depuis les émeutes antichinoises de 2008 à Lhassa, les plus sanglantes au Tibet en plus de 20 ans.

La police chinoise avait tiré début 2009 sur un moine qui venait de s'immoler par le feu, alors que la tension montait à l'approche du 50e anniversaire du départ en exil du dalaï-lama.

La Chine, qui affirme avoir «libéré pacifiquement» le Tibet en 1951, contrôle très étroitement la Région autonome ainsi que les provinces limitrophes à population tibétaine.