Des dizaines de milliers de manifestants défilaient mercredi dans les rues de la capitale fédérale indienne pour protester contre l'inflation galopante qui détériore encore davantage la situation de millions de pauvres.

Les manifestants, en majorité issus de la classe ouvrière, arboraient pour un grand nombre d'entre eux des drapeaux communistes et scandaient des slogans contre l'inflation et la corruption. Les routes du centre-ville de New Delhi ont été coupées à la circulation.

Le défilé, organisé par le Comité des syndicats indiens (CITU, affilié au parti communiste) et auquel se sont associés d'autres syndicats, vise à faire pression sur le gouvernement à quelques jours du vote du budget annuel au parlement lundi prochain.

«Des ouvriers de 19 états, dont des milliers de femmes, sont en train d'affluer à Delhi et ils vont défiler jusqu'au parlement pour faire valoir leur part légitime de la prétendue «croissance robuste» », a déclaré le CITU dans un communiqué.

Cette organisation syndicale attend de 800 000 à un million de manifestants. Pour l'heure, la police n'était pas en mesure de fournir des chiffres.

Le Premier ministre, Manmohan Singh, a récemment averti que le fort taux d'inflation, tiré par une envolée des prix des denrées alimentaires, était une «sérieuse menace» pour la croissance de la troisième puissance économique d'Asie. Le gouvernement anticipe une croissance de l'ordre de 8,5% cette année.

Les derniers chiffres publiés signalent une inflation alimentaire de 11,05%, après avoir récemment frôlé les 20%. L'inflation générale calculée sur les prix de gros était de 8,23% en janvier.

Le porte-parole de la police, Rajan Bhagat, a indiqué à l'AFP que près de 2 000 policiers avaient été déployés dans New Delhi pour surveiller la manifestation en cours.

Pour un manifestant, Jagdeesh Thakur, président d'une association d'enseignants du secondaire dans l'état de l'Uttar Pradesh (nord), le gouvernement de centre-gauche va «dans la mauvaise direction».

«Nous avons besoin de contrôler l'inflation, d'arrêter le chômage et les privatisations», a-t-il déclaré à l'AFP. «Le gouvernement a oublié les pauvres. Il ne fait qu'aider les riches».

Un autre manifestant, Rishi Pal, membre d'un syndicat paysan du Pendjab (nord), dénonçait aussi l'envolée des prix, affirmant que «les pauvres ne peuvent pas nourrir leurs familles».

L'autre mot d'ordre de la manifestation visait à dénoncer la corruption, après une série de scandales ayant éclaté dans le secteur des télécommunications et après l'organisation chaotique des Jeux du Commonwealth en octobre dernier à New Delhi.

Mardi, le Premier ministre, Manmohan Singh, a joué l'apaisement en acceptant la création d'une commission d'enquête parlementaire rassemblant tous les partis sur la vente présumée frauduleuse de licences de téléphonie mobile en 2008, qui aurait spolié le Trésor de jusqu'à 40 milliards de dollars.

L'opposition avait bloqué la précédente session parlementaire à l'automne dernier pour réclamer l'ouverture d'une enquête parlementaire.