La police a été déployée en masse dimanche dans des villes chinoises et a procédé à plusieurs arrestations pour empêcher des manifestations auxquelles les Chinois avaient été appelés sur l'internet dans 13 villes, dans le sillage des soulèvements du monde arabe, ont annoncé des militants.

Par ailleurs, on était sans nouvelles d'une centaine de défenseurs des droits de l'Homme depuis samedi, alors que circulaient sur l'internet des appels -lancés apparemment de sites chinois basés à l'étranger- à des manifestations s'inspirant de la «révolution du jasmin», en Tunisie.

Ces messages, qui se sont multipliés sur la Toile malgré la censure, appelaient à des manifestations dimanche à Pékin, Shanghai, Canton et dix autres grandes villes du pays.

Un message diffusé sur le net encourageait «les travailleurs sans emploi et les victimes des expulsions forcées à participer à des manifestations, crier des slogans et réclamer la liberté, la démocratie et des réformes politiques pour mettre fin au parti unique».

Les manifestants étaient appelés à crier des slogans tels «nous voulons de la nourriture», «nous voulons du travail», «nous voulons des logements» «nous voulons la justice», mais aussi «vive la liberté» ou «vive la démocratie» -largement de quoi écoper d'un long séjour en prison en Chine.

L'agence Chine nouvelle a annoncé que la police avait dispersé dans le calme des foules à Pékin et Shanghai, métropole de l'est où trois personnes ont été arrêtées.

D'après plusieurs forums, seuls quelques manifestants ont répondu à l'appel et de très forts contingents de policiers étaient déployés à Shanghai, Harbin, Canton et Chengdu.

Dans la capitale, au moins 300 policiers ont pris place dans le quartier très commerçant de Wangfujing, lieu de ralliement annoncé par les messages internet, mais aucun rassemblement n'a eu lieu, a constaté l'AFP.

La police a embarqué deux personnes: l'une avait insulté les autorités et l'autre réclamait «de quoi manger».

Selon le Centre d'Information pour les droits de l'Homme et la démocratie, jusqu'à 100 militants ont été arrêtés, assignés en résidence ou ont disparu à Pékin et Shanghai et dans les provinces du Zhejiang, Guizhou, Sichuan et Hunan.

«Cela est lié aux appels pour la révolution du jasmin, a estimé l'association basée à Hong Kong.

Des appels téléphoniques adressés à plusieurs militants des droits de l'Homme, dont Teng Biao, Xu Zhiyong et Jiang Tianyong, sont restés sans réponse dimanche.

«Je ne pense pas que l'appel à manifester était à prendre au pied de la lettre. Personne n'avait vraiment l'intention de manifester, car il y a trop de policiers», a déclaré à l'AFP l'avocat Li Jinsong, très actif dans la défense des droits de l'Homme.

Mais «en prenant cela au sérieux, la police montre combien elle craint que la révolution du jasmin puisse influencer la stabilité sociale en Chine», a ajouté Li.

Ces appels sur la toile ont apparemment poussé Pékin à censurer le mot «jasmin».

Depuis le début des troubles en Tunisie, Pékin a largement censuré les informations en provenance du monde arabe sur les soulèvements populaires contre le chômage, la hausse des prix, la corruption et l'absence de démocratie.

Des recherches menées dimanche sur le site chinois Weibo (équivalent du site de microblogage Twitter) pour des messages contenant le mot «jasmin» n'ont donné aucun résultat.

Le site du très populaire moteur de recherche Baidu expliquait que cette recherche était impossible en raison de la loi et de la réglementation.