Un Chinois multimillionnaire, demandeur du statut de réfugié et accusé de fraude dans son pays, a été déporté en Chine, mercredi, et cela, malgré les craintes de ses avocats selon lesquelles il pourrait y être torturé ou même exécuté.

Les autorités canadiennes ont escorté Han Lin Zeng, âgé de 65 ans, à l'aéroport pour qu'il puisse monter à bord d'un vol en après-midi en destination de la Chine. Quelques heures plus tôt, un juge de la Cour fédérale a refusé de suspendre d'urgence la mesure de renvoi.

Selon Daniel Kingwell, l'un des avocats de M. Zeng, ce dernier est très préoccupé et terrifié, mais il serait par ailleurs résigné.

Dans son jugement, le juge Richard Boivin a décidé qu'il n'y avait pas de raison de prendre une mesure «extraordinaire» pour ordonner la suspension de la déportation. Il affirme que les craintes de M. Zeng semblent exagérées.

Le juge soutient que les arguments du déporté sont spéculatifs et qu'il n'y a pas de preuve permettant de démontrer que la peine de mort ou la torture peuvent être raisonnablement anticipés.

De plus, selon le juge, il n'y a pas de preuve de précédent qui appuie les allégations du demandeur.

L'Agence des services frontaliers du Canada n'a pas répondu aux appels de La Presse Canadienne mais Me Kingwell a confirmé que son client était monté à bord d'un avion d'Air Canada à Toronto en direction de Pékin.

Le multimillionnaire a déjà été propriétaire d'une grande entreprise en Chine qui offrait des services d'expédition, de transport et de fabrication mécanique.

En 1996, il a fusionné son entreprise avec une compagnie d'acier. Son nouveau partenaire l'a accusé de fraude.

Et plutôt que de faire face aux chefs d'accusation en Chine, M. Zeng s'est envolé pour le Canada en 2000, affirmant qu'il était victime d'un coup monté de fonctionnaires corrompus.

Il est demeuré illégalement au pays pendant quatre ans avant de réclamer un statut de réfugié à Toronto en 2004. Cette requête lui a cependant été refusée en raison des chefs d'accusation criminels qui pesaient contre lui.