Trente et un soldats ont été tués jeudi par un adolescent en uniforme d'écolier qui a fait exploser sa bombe au milieu d'une revue dans une enceinte de l'armée dans le nord-ouest du Pakistan, pays en proie à des attentats quasi quotidiens des talibans alliés à Al-Qaïda.

Ces derniers ont d'ailleurs immédiatement revendiqué l'attaque auprès de l'AFP.

L'attentat a été perpétré dans un camp militaire à Mardan, une petite ville-garnison, au moment du passage en revue matinale des jeunes recrues.

«Le kamikaze était un adolescent, de 14 ou 15 ans», a déclaré à l'AFP par téléphone Abdullah Khan, un officier de la police de Mardan.

«Il ne faisait pas partie des élèves de l'école qui est dans le cantonnement militaire, il est venu de l'extérieur mais il portait le même uniforme que les étudiants», a ajouté l'officier.

«Pour l'heure, 31 recrues ont péri et 36 autres militaires ont été blessés, dont 16 grièvement», a poursuivi M. Khan, en fin d'après-midi après avoir révisé plusieurs fois le bilan à la hausse.

Mardan est une ville-garnison proche des zones tribales du nord-ouest, frontalières avec l'Afghanistan, bastion des talibans pakistanais, principal sanctuaire d'Al-Qaïda dans le monde et base arrière importante des talibans afghans.

Cette petite ville est également située à une cinquantaine de km du district tribal de Mohmand, où l'armée mène, depuis fin janvier, une offensive contre les talibans.

Leur plus important regroupement, le Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP), est le principal responsable d'une vague de près de 450 attentats --suicide pour la plupart-- qui ont fait plus de 4 000 morts dans tout le pays en trois ans et demi.

À plusieurs reprises ces derniers temps, le TTP a revendiqué des attentats ciblant les forces de sécurité en représailles, disent-ils, aux offensives de l'armée contre eux et à la campagne de tirs quasi quotidiens de missiles des drones de la CIA américaine dans leurs fiefs des zones tribales, visant des cadres d'Al-Qaïda et des talibans pakistanais et afghans.

«Nous revendiquons avec fierté l'attaque» de Mardan, a déclaré jeudi le porte-parole du TTP, Azam Tariq, dans un entretien téléphonique avec l'AFP depuis un lieu inconnu, quelques heures après l'attentat.

«Nous continuerons de mener ce genre d'attaques visant ceux qui protègent les Américains, et nous les mènerons pour nous venger des tirs de missiles des drones et des opérations militaires en zones tribales, jusqu'à ce que ces opérations cessent», a averti Azam Tariq.

À l'été 2007, à l'unisson d'Oussama Ben Laden en personne, le TTP a décrété le jihad, la «guerre sainte», contre Islamabad pour son soutien à Washington depuis fin 2001 dans sa «guerre contre le terrorisme».

Leurs attentats, fréquemment commis par de très jeunes hommes, voire des adolescents entraînés dans des camps du TTP et d'Al-Qaïda en zones tribales, visent le plus souvent la police et l'armée. Mais, depuis plusieurs mois, les talibans ou des groupes qui leurs sont alliés, ciblent de plus en plus fréquemment des civils, notamment issus de la minorité chiite.

L'attaque de Mardan est le dixième attentat en deux semaines au Pakistan, la seule puissance militaire nucléaire avérée du monde musulman et allié-clé des États unis dans la région.