L'Inde et le Pakistan ont annoncé jeudi être d'accord pour reprendre leur dialogue de paix suspendu après les attentats de Bombay en 2008 qui avaient fait 166 morts et furent attribués par New Delhi à un commando islamiste basé au Pakistan.

Le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi, rencontrera en juillet en Inde son homologue, S.M Krishna, «pour passer en revue les progrès du processus de dialogue», ont annoncé les deux pays rivaux d'Asie du sud dans des communiqués séparés.

Une rencontre au niveau des secrétaires d'État aux Affaires étrangères devrait avoir lieu dans l'intervalle pour aborder notamment «l'antiterrorisme, la situation au Cachemire, la paix et la sécurité ainsi que les questions économiques».

La décision a été prise lors d'une rencontre dimanche entre la secrétaire d'État indien aux Affaires étrangères Nirupama Rao et son homologue pakistanais Salman Bashir, en marge d'un sommet régional à Thimphu, la capitale du Bhoutan.

«Ils ont convenu de reprendre le dialogue sur tous les sujets», indiquent les deux ministères.

Un porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères, Vishnu Prakash, avait indiqué plus tôt à l'AFP que les autorités des deux pays se rencontreraient au cours «des prochaines semaines et des prochains mois» pour «faire un nécessaire travail de base».

Il n'a toutefois pas indiqué s'il s'agissait d'une reprise à part entière du processus de paix, connu sous le nom de «dialogue composite», entamé en 2004.

«Nous devons reprendre le fil», a déclaré M. Prakash, ajoutant que «toutes les questions en suspens» seraient abordées.

«Il y a toujours une approche pas-à-pas qui est nécessaire pour réduire le déficit de confiance», a-t-il toutefois prévenu. «Nous essayons de trouver un moyen de faire avancer le processus».

Depuis 2008, Delhi accuse Islamabad de ne pas combattre avec suffisamment de vigueur les groupes extrémistes agissant sur son territoire, dont celui que l'Inde juge à l'origine des attentats, le mouvement Lashkar-e-Taïba (LeT).

Mais les deux pays ont toutefois relancé en 2010 les prises de contact.

La dernière rencontre entre les deux ministres des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi et son homologue indien S.M. Krishna, date de juillet 2010, à Islamabad. Il s'agissait alors de la troisième rencontre de haut niveau en six mois de dégel encouragé par les États-Unis.

Les deux pays avaient commencé à explorer l'idée d'une reprise du dialogue l'an dernier, lorsque le Premier ministre Manmohan Singh et son homologue pakistanais Yousuf Raza Gilani s'étaient rencontrés à Thimphu en avril.

Depuis la partition du sous-continent en 1947, les deux pays qui disposent aujourd'hui de l'arme nucléaire, ont eu deux conflits armés sur le Cachemire. La rébellion dans la partie indienne du Cachemire contre l'autorité de New Delhi a fait des dizaines de milliers de morts ces 20 dernières années.

Kalim Bahadur, professeur à la retraite des études sur l'Asie du sud à l'université Jawaharlal Nehru de New Delhi, a toutefois émis une note de prudence concernant une possible avancée sur le chemin du dialogue.

«Le «déficit de confiance« est toujours très manifeste, donc je ne vois vraiment pas où cela peut conduire à court terme», a-t-il jugé, interrogé par l'AFP.