Les Corées du Nord et du Sud ont tenu mardi leurs premiers pourparlers depuis le bombardement meurtrier en novembre d'une île du Sud par les forces de Pyongyang qui avait encore avivé les tensions entre les deux frères ennemis.

Les discussions hébergées dans «la Maison de la paix», dans le village de Panmunjom, au centre de la zone démilitarisée (DMZ), ont débuté à 10H00 locales et se poursuivaient dans l'après-midi, selon un porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense.

Les deux colonels chargés de mener les débats se sont serré la main avant d'entamer les discussions, selon des photos fournies par le ministère.

Ces discussions ont pour objectif officiel de préparer une rencontre de haut niveau, vraisemblablement entre les deux ministres de la Défense, à une date qui reste à fixer.

Cette première prise de contact après des mois de vives tensions devait permettre à Séoul de tester les intentions de Pyongyang qui s'était lancé fin 2010 dans une offensive de charme et avait répété vouloir renouer le dialogue.

«Les deux parties ont discuté de l'ordre du jour et de l'organisation d'une rencontre à haut niveau», a déclaré Kim Min-Seol, porte-parole du ministère de la Défense.

«L'atmosphère était sérieuse et il n'y a pas eu de discussions politiques».

M. Kim a rappelé qu'en préalable à tout dialogue de fond, Pyongyang devait prendre des «mesures responsables» après les récentes attaques et s'abstenir de mener de nouvelles hostilités.

L'année 2010 a été marquée par deux incidents graves, le torpillage en mars d'une corvette sud-coréenne dans lequel 46 marins ont péri et le bombardement en novembre d'une île sud-coréenne qui a tué deux militaires et deux civils.

Le Nord de son côté rejette toute responsabilité dans le torpillage de la corvette malgré les conclusions d'une enquête internationale qui le mettent en cause. Le régime communiste affirme par ailleurs que le bombardement de novembre intervenait en réplique à des manoeuvres sud-coréennes dans la région.

«Il est possible que ces discussions se soldent par un gel des positions de chacun», a déclaré un responsable militaire, cité par l'agence sud-coréenne Yonhap, avant l'ouverture des pourparlers.

«Les deux parties pourraient tenir toute une série de discussions préliminaires», a-t-il ajouté.

La Chine, seul allié de Pyongyang, et les États-Unis, allié de Séoul, ont pressé les deux frères ennemis de reprendre la discussion.

Pékin pousse pour une reprise des pourparlers à Six sur le désarmement nucléaire du Nord, mais Washington insiste pour que le Nord discute d'abord avec le Sud.

En réponse au bombardement de novembre, la Corée du Sud a mené une série de manoeuvres. Elle a également renforcé les défenses de l'île visée de Yeonpyeong et de quatre autres îles frontalières.

Selon une source militaire citée par Yonhap, Séoul prévoit par ailleurs de renforcer son corps de marines de 2 000 hommes, pour consolider la défense de cette zone sensible, théâtre d'autres incidents par le passé.

L'armée a également déployé de nouvelles batteries d'artillerie, des systèmes radars de détection d'armement ainsi que des missiles capables de frapper l'artillerie nord-coréenne dissimulée dans des abris souterrains.

Le Sud envisage en outre de déployer des missiles embarqués sur un contre-torpilleur de 4 500 tonnes, croisant dans la zone disputée de la mer Jaune, selon une source citée par Yonhap.