Le calme régnait à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande mardi, après plusieurs jours d'affrontements sporadiques qui ont fait au moins huit morts, alors que les pays de la région appelaient à un règlement pacifique du problème.    

Aucun combat n'a été signalé depuis une brève escarmouche lundi matin, mais un responsable militaire cambodgien en poste à la frontière a indiqué que son armée était «toujours en alerte».

Les deux voisins se sont affrontés à plusieurs reprises à l'arme lourde depuis vendredi autour d'une zone frontalière contestée qui abrite le temple de Preah Vihear, des ruines du XIe siècle dont le classement par l'Unesco en 2008 avait provoqué la colère des nationalistes thaïlandais.

Un responsable militaire thaïlandais a indiqué mardi qu'un autre soldat du royaume était décédé des suites de ses blessures après les combats de dimanche, pourtant le bilan à huit morts: cinq Cambodgiens et trois Thaïlandais, dont au moins un civil dans chaque camp.

Un soldat thaïlandais fait prisonnier a été rendu à son ambassade à Phnom Penh. Des milliers de villageois ont dû fuir leur maison de part et d'autre.

Phnom Penh a accusé l'artillerie thaïlandaise d'avoir causé l'effondrement d'une aile du temple. Un photographe de l'AFP a constaté que le sol était jonché d'éclats d'obus et que certains murs de l'édifice semblaient marqués par des impacts de balles.

Le temple khmer relève de la souveraineté du Cambodge, selon une décision de la Cour internationale de justice de 1962. Mais les Thaïlandais contrôlent ses principaux accès et les deux pays revendiquent une zone de 4,6 km2 en contrebas de l'édifice qui n'a pas été délimitée, comme d'autres zones de la frontière.

Tous deux se sont accusés mutuellement d'agression et ont écrit au Conseil de sécurité de l'ONU, qui s'est dit «très inquiet» de la situation.

Ses membres «ont exprimé leur disposition à tenir une réunion (...) en fonction de l'évaluation qui sera faite par les efforts de médiation régionaux», a précisé la présidente en exercice du Conseil.

Le ministre indonésien des Affaires étrangères, Marty Natalegawa, dont le pays assure la présidence tournante de l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (Asean), a rencontré ses homologues dans les deux capitales, bien que Bangkok eut estimé qu'une médiation était «inutile».

Le ministre a indiqué mardi à Bangkok avoir l'espoir d'un arrêt des combats, les belligérants semblant «engagés à s'assurer que la situation se stabilise».

Les États-Unis, l'Union européenne ainsi que la Malaisie et le Vietnam, membres de l'Asean, ont eux aussi appelé au calme.