Au moins treize insurgés ont été tués dimanche dans trois attaques de drone américain sur deux localités de la zone tribale du Waziristan du Nord, dans le nord-ouest du Pakistan, frontalière de l'Afghanistan, ont annoncé des responsables pakistanais.

Le même jour, un sit-in de protestation contre ces fréquents tirs de missiles à partir d'avions sans pilote a réuni à Peshawar (nord-ouest) plus de 10.000 militants du principal parti islamiste pakistanais, Jamaat-i-Islami (JI), selon la police.

Les manifestants brandissaient des banderoles proclamant «Mort à l'Amérique!», «Arrêtez les attaques de drones au Pakistan!», «Non à l'ingérence américaine au Pakistan!» ou «Écoute Obama, ne tue pas des musulmans innocents!».

À Mir Ali, une ville du Waziristan du Nord, où les marchés sont restés fermés dimanche en signe de protestation, ce sont 1.800 membres de tribus qui ont manifesté contre ces frappes américaines, ont raconté des témoins. Il n'y avait pas de circulation sur la route d'habitude très fréquentée, qui passe par cette localité, reliant Bannu (également dans le nord-ouest) à Miranshah, la principale ville de cette zone tribale.

Au moins sept rebelles ont été tués dimanche dans deux attaques de drone sur Datta Khel, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Miranshah, ont déclaré des responsables pakistanais.

Un premier «drone américain a frappé une voiture qui venait de se garer près d'une maison. Quatre insurgés ont été tués», a dit à l'AFP un membre des services de sécurité de Miranshah.

Une seconde attaque, dans laquelle au moins trois rebelles ont péri, a visé des insurgés se déplaçant à moto, selon une source des services de sécurité.

Au moins six autres ont trouvé la mort dans une troisième attaque dans la zone tribale du Waziristan du Nord, ont annoncé des responsables locaux pakistanais.

Trois rebelles ont en outre été blessés par les deux missiles tirés sur un véhicule garé à Mando Khel, à une soixantaine de kilomètres au sud de Miranshah, ont précisé deux de ces responsables.

Le 19 janvier, cinq rebelles présumés avaient été tués dans des attaques similaires, ainsi que trois le 12 du mois, cinq le 7 et 15 le 1er janvier.

Déjà vendredi, plusieurs centaines de Pakistanais des régions tribales avaient manifesté contre les attaques de drones, affirmant qu'elles provoquaient la mort d'innocents, notamment des femmes et des enfants. La manifestation avait rassemblé à Miranshah plus de 1.000 personnes scandant aussi des slogans contre les Etats-Unis et la CIA.

Entamée en 2004, la campagne de tirs de drones américains sur le nord-ouest du Pakistan s'est nettement intensifiée depuis l'été 2008 et ces tirs sont devenus ces derniers mois très fréquents, et même quotidiens à certaines périodes.

En 2010, une centaine de tirs de missiles par des drones ont fait plus de 670 morts, tandis que l'année précédente 45 missiles tirés par des avions sans pilote avaient fait 420 morts, selon un comptage de l'AFP.

Les zones tribales pakistanaises sont la principale base arrière des talibans afghans, alliés d'Al-Qaïda, lorsqu'ils procèdent à des attaques de l'autre côté de la frontière contre les forces américaines et de l'OTAN déployées en Afghanistan.