Le Parti communiste vietnamien (PCV) s'est réuni mercredi pour huit jours en congrès, grand-messe quinquennale destinée à désigner de nouveaux dirigeants et au cours duquel il a annoncé une révision de son modèle économique tout en assurant son maintien au pouvoir.

Cadres communistes actuels et illustres retraités ont pris position en début de matinée dans l'immense centre de conférence de Hanoï, devant l'inamovible statue de Ho Chi Minh, fondateur du PCV.

Les quelque 1400 représentants d'un parti qui compte plus de 3,6 millions de membres sont venus de tout le pays pour siéger à huis-clos jusqu'à mercredi prochain.

Ils doivent désigner les quelque 180 membres du Comité central, qui lui-même élira les probables 17 membres du Bureau politique, organe suprême du pouvoir.

Ce «politburo» validera les nominations aux postes-clés, résultant de mois de tractations, joutes politiques et alliances de circonstances au sein d'un parti traversé de courants et de voix dissonantes.

Les seuls discours publics mercredi ont fait référence à la crise que traverse le pays, secoué par une forte inflation, une monnaie faible, un énorme déficit commercial (12 milliards de dollars).

«Nous devons (...) revoir notre modèle de croissance, accélérer l'industrialisation et la modernisation», a déclaré Nong Duc Manh, secrétaire général du PCV et numéro un officiel du régime, qui doit partir à la retraite.

Le pays doit privilégier une main d'oeuvre qualifiée, via un meilleur système éducation et un essor des sciences et technologies, a-t-il estimé, souhaitant notamment tourner le dos à une industrie à basse valeur ajoutée.

Le grand scandale des derniers mois, la quasi-faillite du conglomérat de construction navale Vinashin avec une dette de 4,4 milliards de dollars, a été stigmatisé après avoir exposé au grand jour l'inefficacité du secteur public.

«La gouvernance des activités des entreprises publiques (...) reste faible (...). Des groupes sont tombés dans la banqueroute, causant d'énormes pertes à l'économie et provoquant l'inquiétude de la population», a dénoncé Truong Tan Sang, membre du politburo, souvent décrit comme favori pour le poste de président.

Le parti unique, qui règne sans partage depuis 1954 sur le nord et depuis 1975 sur le Vietnam réunifié, a par ailleurs réaffirmé sa suprématie sur les institutions et sa volonté de la conserver.

«Les forces hostiles continuent de mettre en oeuvre leur conspiration d'évolution pacifique (...), jouant la carte de la démocratie et des droits de l'Homme pour tenter de changer le régime», a martelé Manh, utilisant une phraséologie inchangée depuis des années.

Lundi, un cadre du parti avait exclu le pluralisme. Arrestations et condamnations d'opposants et de blogueurs se sont d'ailleurs multipliées ces derniers mois, témoignant selon les experts à la fois de la rigidité du système, et du foisonnement intellectuel d'un pays gagné par la frénésie d'internet.

Les débats vont désormais échapper à toute oreille extérieure. Et la composition du futur «politburo» ne sera annoncée que le 19 janvier.

Selon les observateurs, le premier ministre Nguyen Tan Dung devrait conserver son poste après un mandat marqué par une forte personnalisation de son pouvoir.

Dung, 61 ans, a toutefois dû batailler après avoir été très critiqué en interne sur l'affaire Vinashin et sur un projet d'exploitation de bauxite confié à des Chinois dans les Hauts plateaux du centre, qui a soulevé des protestations sans précédent.

Le conservateur et sino-compatible président de l'Assemblée nationale Nguyen Phu Trong, 66 ans, pour sa part, est décrit par les observateurs comme favori pour le poste de secrétaire général du parti.