Le Parlement birman, issu des élections controversées de novembre, sera convoqué pour la première fois le 31 janvier, nouvelle étape dans la volonté de la junte de se doter des attributs d'un régime civil tout en conservant le contrôle des institutions du pays.

Selon un ordre du généralissime Than Shwe, homme fort de la junte au pouvoir, cité par la télévision d'État, les deux chambres se réuniront le 31 janvier à 8h55 (2h25 GMT, 21h25, le 30 janvier, à Montréal) dans la capitale, Naypyidaw.

Les 14 assemblées régionales sont également convoquées pour le même jour.

Cette convocation constitue la 6e étape d'une «feuille de route» en sept points présentée par le régime en 2003 et destinée à mener le pays vers une «démocratie disciplinée».

Elle fait suite aux élections du 7 novembre, unanimement considérées en Occident comme une mascarade. La commission électorale a diffusé depuis de nombreux résultats, mais aucun décompte global n'a été communiqué.

L'opposition démocratique et les formations représentants les minorités ethniques ont cependant admis n'avoir remporté que très peu de sièges. Et le Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USDP), créé ex-nihilo par la junte, a revendiqué une très large victoire avec quelque 80% des sièges ouverts au vote.

Un quart des sièges de chaque assemblée étaient de surcroît réservés aux militaires en activité, assurant aux militaires une main mise totale sur la procédure législative.

Selon la Constitution de 2008, adoptée juste après le cyclone Nargis (138 000 morts ou disparus), une des premières tâches du nouveau Parlement sera d'élire un président civil parmi trois candidats.

Ces candidats seront présentés respectivement par la chambre basse, la chambre haute et le collège des militaires des deux chambres. Le président désigné formera ensuite son gouvernement.

Le rôle que s'est réservé Than Shwe, au pouvoir depuis 1992, dans cette nouvelle formule reste inconnu. Certains analystes estiment qu'il pourrait briguer le poste de président. Tous admettent qu'il devra rester suffisamment puissant pour assurer sa sécurité et celle de sa famille.

Au sein des principaux partis d'opposition, la Force démocratique nationale (NDF), créé par des dissidents de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d'Aung San Suu Kyi, n'a réussi à remporter que 16 sièges et a accusé l'USDP de fraudes massives.

La NDF avait décidé de jouer le jeu de ces premières élections en 20 ans, s'opposant ainsi au boycottage choisi par la LND. Celle-ci, aujourd'hui dissoute par la junte, avait remporté les précédentes élections de 1990 sans jamais être autorisée à exercer le pouvoir.

La convocation du Parlement se fera donc, évidemment, sans sa dirigeante et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, qui a passé 15 des 21 dernières années privée de liberté, et n'avait été libérée de sa résidence surveillée que quelques jours après le scrutin du 7 novembre.

Elle est aujourd'hui, de l'avis de nombreux observateurs, complètement isolée et écartée du paysage politique politique.

Le président du Parti national pour le développement shan (SNDP), numériquement le deuxième groupe ethnique du pays derrière les Birmans, a indiqué lundi ne pas avoir été informé de la convocation des assemblées.

«Nous avons juste entendu les informations des médias», a indiqué Sai Aik Paung, assurant que ses élus participeraient aux assemblées, notamment celle de l'État shan, dans l'est du pays.