La Thaïlande réfléchit aux moyens légaux de demander aux États-Unis l'extradition de Thaksin Shinawatra, ex-Premier ministre aujourd'hui en exil, qui doit être bientôt entendu par une commission américaine sur les droits de l'Homme, a indiqué mardi un porte-parole.

Thaksin doit s'exprimer le 16 décembre devant la «commission Helsinki», spécialisée dans les droits de l'Homme, pour exprimer «son point de vue sur la situation des droits de l'Homme en Thaïlande, y compris la liberté de la presse et la liberté d'expression», selon la lettre d'invitation de la commission.

Mais Bangkok devra alors demander l'extradition du fugitif, condamné en 2008 à deux ans de prison pour malversations financières et poursuivi depuis pour «terrorisme».

Les autorités «doivent bien sûr agir. Elles évaluent ce qu'elles doivent faire, c'est une procédure normale», a déclaré Panitan Wattanayagorn, porte-parole du gouvernement thaïlandais à l'AFP.

«Nous nous attendons à ce que, dans des circonstances comme celles-ci, les pays honorent le traité (d'extradition), mais ils ont leurs procédures et leurs propres exigences».

Ce possible voyage de Thaksin aux États-Unis intervient alors que Bangkok vient d'extrader à Washington le marchand d'armes russe présumé Viktor Bout. Le Premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva a cependant rejeté mardi l'existence d'un accord pour échanger Bout contre Thaksin.

La commission sollicite aussi l'opinion de Thaksin sur «les efforts du gouvernement pour calmer l'insurrection» des rebelles séparatistes dans l'extrême Sud musulman, qui a fait plus de 4.000 morts depuis janvier 2004.

Selon Panitan, le gouvernement songe à envoyer un de ses représentants pour témoigner devant la même commission.

Au pouvoir de 2001 jusqu'à son éviction en 2006 par un coup d'État, Thaksin est parti en exil en août 2008, juste avant d'être condamné à deux ans de prison pour malversations financières.

Il est également recherché pour «terrorisme» et est soupçonné d'avoir financé les «chemises rouges», manifestants antigouvernementaux qui ont occupé Bangkok au printemps pour faire chuter Abhisit.

Cette crise, la plus grave qu'ait connue la Thaïlande moderne, avait fait plus de 90 morts et 1900 blessés.

«Je salue le fait que les autorités américaines aient reconnu la nécessité d'une enquête indépendante sur les horribles atrocités contre les droits de l'Homme qui se sont produites en avril et mai de cette année», a commenté Thaksin, cité par son bureau.

Plus de quatre ans après avoir quitté le pouvoir, il reste une figure centrale de la vie politique thaïlandaise, adulé par une partie des masses rurales et populaires du pays et détesté par les élites de Bangkok qui gravitent autour du palais royal. Ces derniers mois, il s'est régulièrement exprimé auprès de ses supporteurs par vidéo-conférence.