La Corée du Nord a apparemment procédé vendredi à un exercice de tirs d'artillerie en mer Jaune, après avoir affirmé que les prochaines manoeuvres navales communes entre les États-Unis et la Corée du Sud dans la zone plaçaient la péninsule coréenne «au bord de la guerre».

Des bruits d'explosions, semblant venir de la Corée du Nord, ont été entendus à plusieurs reprises entre 12h et 15h locales, au large de l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, bombardée mardi par Pyongyang.

«Nous supposons que la Corée du Nord a procédé à un exercice de tirs d'artillerie», a indiqué à l'AFP un porte-parole du ministère de la Défense sud-coréen.

Selon un correspondant de la chaîne de télévision YTN, les rares résidents encore sur l'île se sont précipités dans des abris. D'autres ont rallié le continent par crainte d'une détérioration armée de la situation.

Pour la première fois depuis la guerre de Corée (1950-1953), la Corée du Nord a bombardé mardi une zone d'habitation civile de la Corée du Sud. Ces tirs d'obus ont fait quatre morts et une vingtaine de blessés sur Yeonpyeong et provoqué des tirs de riposte de la part des forces sud-coréennes.

Les États-Unis ont prévu avec la Corée du Sud des manoeuvres aéronavales de dimanche à mercredi prochain en mer Jaune, en y engageant un porte-avions.

Ces exercices militaires «des impérialistes américains et de leur marionnette belliciste sud-coréenne» sont dirigés contre la Corée du Nord, a estimé vendredi le régime stalinien.

«La situation de la péninsule coréenne se rapproche du bord de la guerre à cause du projet imprudent de ces excités de la gâchette», a-t-il poursuivi.

Séoul a de son côté promis de riposter bien plus fermement en cas de nouvelle agression armée de Pyongyang, grâce à une «révision complète» de sa politique de riposte militaire, jusque-là trop «passive».

Pour diriger cette tâche le président sud-coréen Lee Myung-Bak a nommé vendredi un nouveau ministre de la Défense: Kim Kwan-Jin, 61 ans, ancien chef d'état-major des armées, est réputé pour son sens du commandement et son expérience en stratégie militaire.

M. Kim aura notamment pour mission de «répondre rapidement et fermement à la situation de crise en cours» et «restaurer la confiance de la population dans l'armée», a souligné Hong Sang-Pyo, un conseiller présidentiel.

Le nouveau ministre devra superviser le renforcement spectaculaire, promis par M. Lee, des moyens militaires dans les îles sud-coréennes de la mer Jaune, à l'ouest de la péninsule.

Une partie de ces eaux sont considérées jalousement par Pékin, qui s'est dit vendredi «opposé à toute action militaire non autorisée à l'intérieur de la zone économique exclusive de la Chine».

«La situation actuelle dans la péninsule coréenne est compliquée et sensible, toutes les parties doivent faire preuve de retenue, oeuvrer dans le sens d'une détente et du maintien de la paix et de la stabilité de la péninsule, et non le contraire», a déclaré un porte-parole de la diplomatie chinoise.

Le ministre chinois des Affaires étrangères Yang Jiechi a d'autre part eu vendredi des conversations téléphonique avec la Secrétaire d'État américaine Hillary Clinton. Il s'est également entretenu avec son homologue sud-coréen et a rencontré l'ambassadeur de Pyongyang à Pékin pour parler de la situation, a indiqué le ministère dans un communiqué.

«Le plus urgent maintenant c'est de mettre la situation sous contrôle et de prévenir la répétition de pareils incidents», a souligné le chef de la diplomatie chinoise.

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jiechi, a reporté sa visite à Séoul prévue vendredi, officiellement pour un problème «d'emploi du temps».

La Chine, l'un des rares soutiens de la Corée du Nord dans le monde, n'a pas condamné le bombardement de l'île de Yeonpyeong, se bornant à «exprimer sa peine et ses regrets face aux pertes humaines».