Les Cambodgiens enterraient leurs morts mercredi, deux jours après une bousculade qui a fait plus de 450 victimes lors d'un festival populaire traditionnel, un accident causé par la peur qu'un pont ne s'écroule selon les premières conclusions de l'enquête.

Le pays tout entier s'interrogeait sur ces images et photos monstrueuses, diffusées par les télévisions et journaux, montrant des visages désespérés de festivaliers, en train de lutter pour s'extraire de masses de corps inanimés.

Le bilan officiel a lourdement augmenté, par rapport aux 378 morts évoqués mardi. «Maintenant que chaque province a fait parvenir son rapport (...), le nombre total (de victimes) est de 456», a indiqué le ministre des Affaires sociales Ith Samheng.

«Certains corps avaient été emportés directement et des blessés sont morts à leur domicile», a-t-il ajouté.

Toutes les victimes ont été identifiées et ramenées chez elles, en grande majorité dans des camions militaires, a précisé le ministre de la Santé Mam Bunheng, en indiquant que la cause des décès était le manque d'oxygène.

Les conclusions préliminaires de l'enquête sont tombées mercredi en fin de journée, pointant du doigt un pont surpeuplé et la peur qu'il ne s'écroule.

«Les morts sont survenues parce que le pont était surpeuplé et qu'il y a eu une panique que le pont allait s'écrouler parce qu'il était suspendu par des câbles et qu'il se balançait», a déclaré Prum Sokka, qui dirige la commission d'enquête sur l'accident.

«Certains ont commencé à crier que le pont était en train de s'effondrer, que des gens étaient électrocutés et que les câbles d'acier se cassaient, alors les gens se sont poussés les uns les autres et sont tombés», a ajouté Sokka, secrétaire d'État au ministère de l'Intérieur. «Les gens n'avaient nulle part où s'enfuir».

Le gouvernement a admis n'avoir pas anticipé la présence de trois millions de personnes venues de tout le pays pour les trois jours de festivités. «Nous étions inquiets quant aux risques qu'un bateau se renverse et qu'il y ait des pick-pockets», a indiqué Khieu Kanharith, son porte-parole.

«Nous n'avions pas pensé à ce type d'incident».

Les regards du pouvoir se tournaient également vers une société privée en charge de la sécurité sur l'île pendant le festival.

«Le lieu est privé donc ils ont fait appel à leur propre sécurité, la police a juste aidé à maintenir l'ordre à l'extérieur», a affirmé le porte-parole.

À l'entrée du pont désormais célèbre, toujours fermé au public, les Cambodgiens ont continué de se rassembler pour brûler de l'encens, prier et déposer fruits et fleurs en guise d'offrandes.

«Je suis triste et en colère de ce qui s'est passé», a indiqué à l'AFP Phea Channara aux funérailles de sa soeur de 24 ans, dans la banlieue de Phnom Penh. «Je me demande si la police a fait son travail. Comment a-t-elle pu laisser une telle chose se produire ?».

Un autre survivant a pour sa part accusé les secours d'être arrivés très tardivement. «Les autorités étaient en retard. La société (privée) a très mal géré la sécurité», a-t-il assuré.

Les festivaliers avaient traversé le pont pour assister aux derniers spectacles, feux d'artifices et autres courses de bateaux pour ce festival censé remercier le fleuve Mékong de nourrir les sols fertiles du pays et de fournir un poisson abondant.

Leur retour s'est transformé en cauchemar.

Le premier ministre Hun Sen a pour sa part évoqué «la plus grande tragédie depuis le régime (des Khmers rouges) de Pol Pot», qui avait fait environ deux millions de morts, soit un quart de la population, entre 1975 et 1979.

Jeudi a été décrété journée de deuil national.